La Pêche et autres fruits érotiques : Jeu de fruits

"Quand j’ai proposé ce projet-là à l’équipe, je voulais vraiment lutter contre ce qui m’énervait dans l’érotisme, raconte le metteur en scène Jean-Philippe Joubert. Toutes ces filles aux grosses boules soufflées en bikini léopard, ça ne m’intéresse pas. Ce n’est pas ça pour moi l’érotisme." Il n’y a d’ailleurs pas de scène explicite de sexe dans le spectacle. "Ce qui est le fun au théâtre, c’est de suggérer, poursuit-il. L’érotisme, c’est rêver l’autre."

Jean-Philippe Joubert a fondé Les Nuages en pantalon en février dernier avec la scénographe Claudia Gendreau et deux autres graduées du Conservatoire de théâtre. La Pêche et autres fruits érotiques est la première pièce pour adultes de cette troupe qui se voue à un théâtre physique et multidisciplinaire. Pour partager la scène avec lui, Jean-Philippe a fait appel à une danseuse, Karine Ledoyen. Si le comédien a suivi des cours de danse en complément à sa formation en théâtre, pour la danseuse, c’est une première approche du jeu.

Les deux personnages habitent l’un en face de l’autre. Lui est peintre et sculpteur, elle est danseuse de tango et strip-teaseuse. Ils sont tous les deux à un tournant de leur vie. Il vient de perdre la vue, tandis qu’elle vient d’être abandonnée. Dans une ambiance intime, sur fond de tango et de chanson française, se développe entre eux une histoire érotique au parfum de fruits. La séduction emprunte des voies différentes de l’exhibitionnisme auquel nous sommes habitués. "Étant donné que lui a perdu un sens, on a essayé d’explorer les autres sens, une autre sensualité finalement", dit Karine Ledoyen.

Il y a peu de texte dans la pièce et quand il y en a, il n’exprime que des choses plutôt terre à terre. Les émotions, les choses importantes passent par le mouvement. Il n’était cependant pas question dans l’esprit de Jean-Philippe de faire un spectacle de danse intégral. "Je voulais qu’il y ait une histoire dans ce show-là, explique-t-il. J’y tenais, pour ne pas que ça soit bâti sur le même principe qu’un film de cul."

La Pêche et autres fruits érotiques a été élaborée en travail collectif si bien que le metteur en scène, la chorégraphe et la scénographe ne peuvent déterminer l’apport précis de chacun au produit final. Ce n’est qu’au moment de peaufiner le tout qu’ils ont repris leur chapeau respectif.

Les interprètes ne se sont pas gênés pour apporter leurs idées de scénographie et inversement. "Claudia a influencé la création par ses propositions chorégraphiques", affirme le metteur en scène. Les idées scénographiques et les accessoires ont été introduits et testés au fur et à mesure. "Des fois, il y a des choses qui disparaissent pour laisser place à d’autres plus importantes, dit Claudia Gendreau. Ça finit par s’épurer."

Aux derniers jours de répétitions, le trio espère qu’il gagnera son pari et que le soir de la première un doux frisson viendra chatouiller le public.

Du 20 novembre au 1er décembre
Au Centre international de séjour
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