L’aventure d’Inventaires à Québec, c’est un peu celle du Théâtre des Trois Soeurs, cette petite troupe de théâtre formée en 1996 par Sylvie Cantin, Marie-Josée Bastien et Marie-Thérèse Fortin. À l’époque, les trois comédiennes désiraient former une compagnie dont la mission serait d’offrir des rôles plus consistants aux femmes ainsi qu’un théâtre axé sur le jeu et sur le contact avec le public. "On avait envie de jouer des rôles qui nous ressemblaient plus, précise Sylvie Cantin. L’idée n’était pas nécessairement de nous faire jouer, nous, et ce n’était pas l’idée non plus d’éliminer les gars, mais avec Inventaires on a trouvé l’acte de naissance parfait pour notre compagnie."
Texte de Philippe Minyana écrit sans la moindre ponctuation, Inventaires combine effectivement tous les critères que les trois comédiennes voulaient respecter. Inspirée d’une série d’entrevues, la pièce fait le portrait de trois Parisiennes de l’après-guerre. Une à une, ces femmes viennent se confier au public, se remémorant leur parcours à partir d’un objet fétiche. On fait la connaissance de Jacqueline (Sylvie Cantin), la ménagère engagée, qui se présente avec sa cuve, de la romantique et rêveuse Angèle (Marie-Josée Bastien), qui fait son bilan de vie avec une robe de 1954, et, enfin, de Barbara (Marie-Thérèse Fortin), la standardiste désillusionnée et désabusée qui se confie avec son lampadaire. "On est des amoureuses de la langue et, avec Minyana, on est bien servies, ça ajoute au plaisir de jouer avec un accent français, explique Sylvie Cantin. Ce sont des Parisiennes, ça parle de la vie en France, mais ce n’est pas un obstacle, parce que c’est la vie émotive de ces femmes-là qui est intéressante. Leurs vies ressemblent aux nôtres. La vie, c’est l’amour, c’est la famille, l’histoire, la politique, et il y a une transposition qui se fait facilement. "
Présentée une première fois au Centre international de séjour en novembre 1997, puis une seconde l’année suivante pour un total de 24 représentations, Inventaires a été bien reçu tant par le public que par la critique. La pièce a même été nominée au Gala des Masques, mais les moyens bancals dont disposait la troupe avaient forcé l’équipe à se limiter à peu de représentations et surtout à oublier l’idée d’une tournée.
Or cette fois, fort d’une subvention, le trio reprend du service dans de meilleures conditions: une salle nettement plus grande, celle du Périscope, une meilleure promotion, et surtout un cachet pour toute l’équipe qui, jusqu’alors, avait donné de son temps gratuitement. La pièce demeure toutefois la même, si ce n’est que les comédiennes devront travailler davantage pour être aussi près de leur public qu’au Centre international de séjour, où elles se permettaient de dévisager les spectateurs. "Même si on avait un désir de renouvellement, on s’est dit qu’on ne pouvait pas tout chambouler pour 10 soirs, surtout que le spectacle a déjà bien marché dans sa forme actuelle, indique Sylvie Cantin. Cela dit, on sent qu’on va encore plus loin. Même après avoir présenté le spectacle deux fois, il y avait des choses que l’on n’avait pas captées. Et avec le public, on va certainement retrouver et découvrir de nouvelles choses… "
Jusqu’au 1er décembre
Au Théâtre Périscope
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