Käfig : Franco hip-hop
Ça va groover à l’Usine C. Le théâtre de la rue Lalonde accueillera dans quelques jours l’une des compagnies de danse hip-hop les plus en vue en France. KÄFIG y présentera Dix Versions, une danse urbaine aussi stylisée qu’endiablée.
Qu’on se le tienne pour dit, le hip-hop ne se limite plus à des "spirales" sur la tête et au break dance. Avec Käfig, la danse originaire du Bronx prend du panache et vise en plein coeur l’émotion. "Notre travail consiste à développer la danse hip-hop, à la rendre plus mature", explique le directeur artistique et metteur en scène, Mourad Merzouki. "De fait, nos spectacles respectent toujours la gestuelle du genre, sauf qu’on accorde beaucoup d’importance à la bande musicale, aux costumes et à la scénographie."
Le hip-hop français a connu un premier boum au début des années 80. Le mouvement s’est par la suite éclipsé au profit du rap, pour mieux revenir en force dans le tournant des années 90. Quelques compagnies de danse hip-hop font la pluie et le beau temps en France; Käfig est l’une d’elles. Avec à peine trois pièces à son répertoire, la compagnie lyonnaise a tourné dans plusieurs pays d’Europe et même aux États-Unis. "On avait un peu peur de la réaction des New-Yorkais vu que le mouvement est né dans leur ville. Mais on avait tort de s’inquiéter, car leur réception fut excellente, raconte Mourad Merzouki. On a même réussi à entraîner un des leurs dans nos rangs."
Aujourd’hui, le hip-hop a le vent dans les voiles. Des chorégraphes établis comme Alain Platel et Bianca Li intègrent ses gestes à leur travail. Aussi, deux événements parisiens d’importance, Suresnes Cités Danse et les Rencontres des cultures urbaines au Parc de la Villette, mettent l’accent sur la rencontre entre le hip-hop et le contemporain.
Établi à Saint-Priest, près de Lyon, Käfig se compose de jeunes originaires de l’Afrique du Nord et élevés dans les banlieues grises françaises. Alors que leurs confrères new-yorkais ont inventé le hip-hop en réaction à la désintégration sociale des ghettos noirs, les membres de Käfig ont appris le break dance en regardant les vidéoclips de Michael Jackson. Et, preuve suprême de changement de style dans le domaine, les filles prennent d’assaut la scène. "C’est vrai qu’on n’a jamais fait le Conservatoire pour apprendre la danse contemporaine, précise Mourad Merzouki. La pratique du hip-hop fut d’abord un plaisir bien avant qu’elle ne devienne un métier."
L’Usine C, qui s’intéresse depuis quelque temps déjà à la danse hip-hop, a profité de l’événement France au Québec/La Saison pour inviter Käfig. Dix Versions comporte 10 tableaux portant sur le thème des différences. Les images livrées sur une musique arabo-andalouse de Franck II Louise seraient extraordinaires. L’Usine C a misé sur une publicité destinée aux jeunes pour remplir sa salle… à la grande surprise de Mourad Merzouki: "Pourtant, les spectateurs de sept à 77 ans trouvent leur compte."
Du 28 novembre au 1er décembre
À l’Usine C
Drôle de hasard
La présentation à Tangente des deux nouvelles créations de Laurence Lemieux concorde drôlement avec l’actualité. Dans le trio Novembre, l’ancienne danseuse du Toronto Dance Theatre a mis en mouvements le ralentissement observé dans les comportements humains juste avant l’arrivée de l’hiver. Dans le solo Over Lockerbie, elle jette un regard douloureux sur le terrible attentat aérien, qui a secoué la population de ce village d’Écosse, en 1988. "Le plus troublant pour nous fut d’avoir dansé la première fois Over Lockerbie, en janvier dernier, le jour même du verdict prononcé dans l’affaire Lockerbie." Et, comme à son habitude, la chorégraphe s’est entourée d’excellents danseurs dont son mari, Bill Coleman.
Du 22 au 25 novembre
À Tangente