Le Ventriloque : Au-delà du réel
Scène

Le Ventriloque : Au-delà du réel

Difficile de pénétrer dans l’univers de Larry Tremblay. L’auteur dit lui-même aimer "les pièces qui demeurent mystérieuses après le spectacle", le théâtre qui "inquiète, interroge et intrigue le spectateur".

Difficile de pénétrer dans l’univers de Larry Tremblay. L’auteur dit lui-même aimer "les pièces qui demeurent mystérieuses après le spectacle", le théâtre qui "inquiète, interroge et intrigue le spectateur". Dernier opus d’une oeuvre dramatique à la fois forte et singulière, Le Ventriloque vient de prendre l’affiche du Théâtre Espace Go, dans une mise en scène de Claude Poissant, directeur du PàP (Petit à Petit), la troupe qui produit cette création québécoise.

Cette pièce, résolument étrange et inquiétante, n’est pas de tout repos. Elle porte sur plusieurs thèmes (l’identité, le regard des autres, la quête de soi, les fantasmes, l’introspection, la création) mais n’en aborde aucun de front. À l’instar de certains contes, les récits s’emboîtent les uns dans les autres comme pour mieux cacher leur part de surprise, de mystère.

Le programme du PàP résume ainsi l’histoire. "Pour ses 16 ans, Gaby Létourneau (Nathalie Mallette) exige un stylo de marque Parker et découvre que tout ce qu’elle écrit se réalise par la suite. Elle décide d’écrire le plus beau roman du monde. Jaloux, son frère, Aurélien, s’enfuit avec son roman en Afrique; son corps est retrouvé affreusement mutilé et sa langue a disparu. Plusieurs années s’écoulent. Depuis la mort de son frère, Gaby souffre d’un blocage, et ne peut écrire une seule ligne. Elle prend rendez-vous avec le docteur Limestone dont l’approche thérapeutique est célèbre. Gaby va-t-elle retrouver l’inspiration?"

Cela posé, passons à notre histoire… Car, en fait, Le Ventriloque est impossible à résumer, tant la pièce contient de couches et de niveaux d’interprétation. Ajoutez à cela un prologue dans lequel un ventriloque manipule une poupée aux traits de Gaby; et un épilogue qui nous laisse sur une énigme à propos de la véritable identité de l’auteur en panne d’inspiration…

Plus que le texte qui m’a laissé sur ma faim, l’intérêt de la production du PàP se situe davantage au niveau de la conception et du jeu des acteurs. L’environnement sonore captivant et la musique originale de Jean Derome; le décor de Jean Bard, très théâtral (un rideau de velours rouge, une boîte en forme de castelet juxtaposée au-dessus d’une régie); la mise en scène ludique et surréaliste de Claude Poissant; les costumes ingénieux de Marc Sénécal; et le jeu très physique et incarné de Nathalie Mallette et Frédéric Desager, secondés par Nathalie Claude et Daniel Parent qui défendent plusieurs personnages: tout cela constitue une bonne raison de se rendre à l’Espace Go, même si vous risquez d’y perdre votre latin…

Par ailleurs, le 6 décembre, après la représentation de la pièce, le PàP vous invite à une causerie dans le hall du théâtre en compagnie de l’auteur et de Claude Poissant. Sujet de la discussion: "La création peut-elle changer notre réalité?" On s’informe au (514) 845-4890.

Jusqu’au 8 décembre
À l’Espace Go