Critique : Inventaires
Elles sont trois. Trois femmes au tempérament différent qui, à partir d’un objet qui leur est cher – une cuvette, une robe, une lampe – livrent leur histoire.
Elles sont trois. Trois femmes au tempérament différent qui, à partir d’un objet qui leur est cher – une cuvette, une robe, une lampe – livrent leur histoire. Trois existences s’entrelacent, marquées par l’amour et la guerre, traçant le destin banal, et unique, de ces personnages. Au-delà de leur accent, très français, c’est une langue universelle que parlent ces femmes: bonheur, plaisir, solitude, souffrance. Le temps passe, les gens disparaissent; seuls subsistent les objets, témoins illusoires de toute une vie.
Elles sont trois comédiennes qui jouent et signent la mise en scène. Avec quelques complices (Christian Garon, Robert Caux, Christian Fontaine, Isabelle Larivière, Marie-France Larivière), elles offrent un spectacle intime, en forme de confidences. Capables de fines nuances, mêlant vulnérabilité, humour et émotion, ces trois comédiennes habitent profondément leur personnage, dont elles révèlent le coeur et l’intimité. Bien définis, ces personnages sont de plus incarnés physiquement de manière admirable, dans la voix, la posture et même, dans les expressions et tics du visage. C’est le jeu – remarquable – des comédiennes qui donne toute sa force et sa saveur à ce spectacle. Si la taille de la salle ne permet pas la complicité créée au Centre international de séjour où elles avaient d’abord joué cette pièce, l’intensité de l’interprétation compense largement.
Sylvie Cantin incarne Jacqueline, femme un peu rude, courageuse et joviale, généreuse; Marie-Josée Bastien joue le rôle d’Angèle, douce et romantique, naïve, qui a connu l’amour avec Marcel; Marie-Thérèse Fortin apparaît dans le rôle de Barbara, désabusée après avoir connu la passion avec un homme violent et infidèle. Chacune, maintenant seule, se rappelle événements heureux et malheureux. Malgré les moments difficiles de leur vie surnage chez ces trois femmes une certaine sérénité: le plaisir d’avoir construit, vécu, vibré, ou tout simplement le plaisir d’être là.
Inventaires: des lieux, des événements, des liens; des objets, aussi, auxquels parfois, absurdement, on s’attache. Le texte de Philippe Minyana, présenté par le Théâtre Les Trois Soeurs, capte un élément indéfinissable de la vie humaine, à la fois quotidien et indicible: une dimension cachée, composée de petits riens parfois simples et joyeux, parfois graves et déchirants. Quelque chose, peut-être, comme l’insoutenable fragilité de l’être…
Jusqu’au 1er décembre
Au Théâtre Périscope