Histoire ancienne : Un gars, une fille
Scène

Histoire ancienne : Un gars, une fille

Bien que David Ives compte parmi les voix essentielles de la dramaturgie américaine, ses pièces n’ont que rarement été montées sur les scènes de la Métropole.

Bien que David Ives compte parmi les voix essentielles de la dramaturgie américaine, ses pièces n’ont que rarement été montées sur les scènes de la Métropole. Il y a cinq ans, le Quat’Sous frappait pourtant un grand coup avec Variations sur un temps, un collage de cinq courts textes ayant connu un succès retentissant. Aujourd’hui, deux jeunes comédiens (Catherine-Anne Toupin et Frédéric Blanchette) proposent un nouveau rendez-vous avec le dramaturge new-yorkais en offrant leur version d’Ancient History, une pièce à deux personnages dont ils signent la traduction et la mise en scène. La preuve que malgré un manque flagrant de moyens, une rencontre peut avoir lieu…

Un gars, une fille. Ils sont au lit mais ils se disent au paradis. Ils ont l’air si heureux qu’on devine que cela ne durera pas. En quelques phrases incisives, David Ives nous fait comprendre que le big-bang se produira sous nos yeux. Lui est catholique non pratiquant, rêveur et porté sur le sexe. Elle, juive de bonne famille, ambitieuse et pressée de se marier. Le jour de l’anniversaire de Madame, Monsieur lui révèle qu’il ne souhaite pas l’épouser, et leur bonheur vole en éclats. Ce qui rend cette scène de ménage si captivante, c’est l’écriture tranchante, à la fois absurde, violente et comique, d’Ives, qui répète certaines phrases comme des mantras – "l’enfer, ce n’est pas les autres, c’est de se rappeler les autres" – ponctués de dérangeantes sonneries de téléphone.

Le couple en déroute est interprété de manière crédible par Toupin et Blanchette, qui font preuve d’une belle complicité. Les deux comédiens n’en sont pas à leur première collaboration; ils jouaient l’an dernier dans la production inaugurale du Théâtre Ni plus ni moins, une reprise de L’Ancien Quartier de David Mamet, un auteur avec qui Ives partage un don pour dépeindre les angoisses existentielles des gens ordinaires.

De cette Histoire ancienne, on retiendra surtout l’intelligent questionnement d’un dramaturge bien de son temps sur les mouvements de la mémoire. L’homme serait-il plus heureux s’il pouvait oublier à volonté ses échecs? La question ne manque pas de pertinence au pays du "Je me souviens"…

Jusqu’au 3 décembre, les dimanches et lundis
À La Petite Licorne