Au rythme de la ville : Nouvelle ère
Scène

Au rythme de la ville : Nouvelle ère

La danse folklorique est en pleine révolution partout dans le monde et Les Sortilèges ne sont pas en reste. Pas de doute, les idées se bousculent dans la tête de la nouvelle directrice de la compagnie, DENISE BIGGI. Celle-ci rêve même d’un futur spectacle à la sauce multimédia!

Les dernières années n’ont pas été faciles pour Les Sortilèges. La réputation de la plus célèbre troupe de danse folklorique au Québec fut ternie par la découverte, en 1998, d’une fraude commise pendant des années par le fondateur de la compagnie, Jimmy D. Genova, aux dépens de l’assurance-emploi. L’affaire rendue publique a conduit au départ du fondateur et mené la compagnie presque à sa ruine.

Pendant trois ans, les directeurs généraux se sont succédé à la barre, réussissant tout au plus à maintenir la tête de la compagnie hors de l’eau. Nommée à la direction générale et artistique en décembre 2000, Denise Biggi ne souhaite rien de moins que de faire renaître l’ensemble folklorique de ses cendres. Premier changement entrepris à l’arrivée de cette ancienne soliste des Grands Ballets Canadiens, aussi professeure à l’École supérieure de danse du Québec: l’ajout de "danses du monde" au nom des Sortilèges.

Avec en tête l’idée de moderniser la danse folklorique d’ici et d’ailleurs, la frêle directrice générale a invité des professionnels de la gigue et des danses roumaine et mongolienne à lui concevoir de courtes pièces pour le nouveau spectacle des Sortilèges, Au rythme de la ville. Elle-même s’est commise dans la réalisation de deux tableaux d’inspiration tzigane et russe. "Je vise à tirer l’essence du folklore pour en faire un spectacle léger, divertissant et drôle par moments. Je veux que le public passe une soirée extraordinaire", explique-t-elle dans les nouveaux bureaux de la compagnie, situés sur l’avenue du Mont-Royal.

Exit, donc, ceintures fléchées et chaussettes blanches. Au rythme de la ville évoque la diversité culturelle de Montréal. Ainsi, Lük Fleury a chorégraphié une gigue plus proche des jeux de pieds rythmés du groupe australien Tap Dogs que de ceux de l’émission de télé Soirée canadienne. La danse de Monik Vincent dépeint avec humour une partie de hockey. Il y a même une gigue évoluant sur des chansons françaises du début des années 60. Entre deux tableaux de folklore québécois ou irlandais, les 13 danseurs se frottent au flamenco, à la danse tzigane ou encore mongolienne. En prime: la troupe artistique montréalaise d’origine chinoise Hua Yun viendra confirmer que la danse folklorique est en pleine révolution partout dans le monde.

Pas de doute, les idées se bousculent dans la tête de l’énergique directrice générale. Celle-ci rêve même d’un futur spectacle à la sauce multimédia. En attendant, cette diplômée de l’École des hautes études commerciales doit ramener la compagnie à flot tant sur le plan financier qu’artistique. Dans la tourmente, la moitié des danseurs ont quitté les rangs, laissant la place à de nouvelles recrues provenant de l’École supérieure de danse du Québec et de compagnies de danse folklorique étrangères. Et, comme la troupe n’a presque pas roulé au cours des dernières années, les subventions ont par conséquent diminué.

Mais si Au rythme du monde remporte la faveur populaire, Denise Biggi entend faire prendre un virage de 180 degrés à la compagnie. Mais attention, le répertoire de danses québécoises n’est pas pour autant en voie de disparition. Il reste toujours en demande du côté des entreprises commerciales et des écoles. Même que les spectacles corporatifs et éducatifs demeurent la vache à lait des Sortilèges. En ces temps difficiles, ce serait bête de s’en passer.

Du 13 au 15 décembre
À la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau

Fin de saison à Tangente
C’est vrai qu’ils sont jeunes, mais ce ne sont pourtant pas des inconnus, du moins à Tangente.

Amoureuse des arts visuels et du théâtre, Nancy Leduc présente, du 6 au 9 décembre, un solo s’inspirant très librement de l’oeuvre du peintre allemand Wassily Kandinsky. La Cavalier bleue relate l’histoire d’une adolescente en mal de vengeance qui fuit ses peurs, la nuit, à califourchon sur le dos d’un cheval… Vous l’avez deviné, cette histoire poétique se prête magnifiquement à une danse d’atmosphère.

Autre week-end, autres univers. Frais émoulus des Ateliers de danse moderne de Montréal, Pierre Lecours et Audrey Lehouillier se complaisent dans une danse ludique qui ne manque pourtant pas de sérieux. Même lorsqu’il entend créer de la danse pour de la danse, Pierre Lecours raconte tôt ou tard une histoire. Hérétique reprend un thème fétiche de Lecours, les amours casse-têtes. Vous savez… Madame? d’Audrey Lehouillier clôt une trilogie qui comptait déjà Vous dansez mademoiselle? et Vous avez une plume de paon monsieur?. Burlesque garanti.

Du 6 au 9 décembre
Du 13 au 16 décembre
À Tangente