Le Cid maghané : L’emporter en parodie
"La fin de l’école, ça se fête; et de rejouer Le Cid maghané, c’est une belle façon de célébrer!" affirme LUDGER CÔTÉ. Il incarne Rodrigue dans la pièce de RÉJEAN DUCHARME que reprend, deux ans plus tard, le Théâtre des Fonds de Tiroirs.
Après des études en microbiologie, Ludger Côté a terminé sa formation en jeu à Sainte-Thérèse, au printemps; il est ainsi l’un des derniers de la bande du Théâtre des Fonds de Tiroirs à devenir comédien professionnel. Ce qui ne l’a aucunement empêché, comme les autres membres de la compagnie, de jouer chaque été depuis quelques années, abordant Ionesco, Ducharme, Mrozek. "Pendant l’année, c’était l’école; la folie, c’était l’été avec le TFT."
Après l’avoir incarné en 1999 sur la minuscule scène installée à la Maison Blanchette, le comédien reprend son rôle du Cid, dans la mise en scène de Frédéric Dubois. Le TFT a présenté une vingtaine de représentations à guichet fermé à Montréal, en octobre, et débarque maintenant au Périscope. "C’est vraiment l’fun de rejouer une pièce et de retrouver un personnage deux ans plus tard. On a tous pris de la maturité: à l’école, en jouant d’autres rôles. Pour tout le monde, les personnages ont avancé; ils sont ailleurs, plus loin."
De la version 99 à la version actuelle, quelques changements, dans la scénographie et le travail sur les niveaux de langage, notamment, mais la distribution et la mise en scène restent sensiblement les mêmes. On y retrouve des habitués du TFT, dont plusieurs participaient cet été à Zazie dans le métro: les comédiens Éva Daigle, Marie-France Desranleau, Marie-Christine Lavallée, Fabien Cloutier, Christian Michaud et Tova Roy; les concepteurs Yasmina Giguère et Pascal Robitaille.
Si la pièce de Ducharme suit d’abord assez fidèlement l’évolution de la tragi-comédie de Corneille – Rodrigue, "ti-cul des ruelles", est contraint de se battre en duel contre "le père de sa blonde" -, vient un moment où "tout dérape". "Le Cid est de plus en plus maghané", commente Ludger Côté… au propre, et au figuré. Le langage diffère aussi d’un auteur à l’autre. Parfois très soutenu et parfois très familier chez Ducharme, il provoque une intéressante et souvent hilarante mise à distance. Toutefois, "la version de Ducharme, bien que parodique et irrévérencieuse, n’évacue pas la dimension tragique des personnages; le langage permet même de comprendre ou de ressentir certaines choses plus facilement, ou plus directement que dans la tragédie classique".
L’intérêt du Cid maghané de Ducharme, selon le comédien? "La parodie, le langage, la jeunesse des personnages, répond Ludger Côté. Et bien sûr, pour moi, le défi de jouer un Rodrigue revu et corrigé…" Et qui, non sans humour, a quelque peu changé en devenant québécois. Un exemple? La devise qu’adopte, sous la plume de Ducharme, le personnage mythique immortalisé par Corneille: "Qu’ils viennent les maudits si c’est pas des peureux!"…
Jusqu’au 15 décembre
Au Théâtre Périscope
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