Agonie : Intime et personnel
Avec Agonie, MARIE-GINETTE GUAY, qu’on voit habituellement sur scène, demeure, pour la première fois, du côté des coulisses. "En fait, dit-elle, je suis le produit de ma curiosité, du hasard et des circonstances…"
Ainsi, nulle "préméditation", nul changement de cap pour la comédienne. C’est l’émotion ressentie à la lecture du roman Agonie, de Jacques Brault, "qui a fait que je suis dans cette position d’adaptatrice et de metteure en scène".
Nerveuse? "Dans cette aventure-là, je ne suis pas inquiète. J’ai eu du plaisir à découvrir cette oeuvre, à la décortiquer, à l’adapter, à la mettre en scène. J’ai bien sûr eu des questions, des doutes, des silences. Mais c’est ce que je voulais faire, et c’est ce que j’ai fait."
D’où est venue, comme première expérience de mise en scène, l’idée d’adapter et de monter un texte narratif? "J’aime beaucoup l’oeuvre de Jacques Brault. Ça fait longtemps que je le lis, que je rôde autour. Quand j’ai lu Agonie, j’ai vraiment été bouleversée; je ne savais pas pourquoi. Je l’ai relu, plusieurs fois; ça me touchait. Je me disais qu’un jour, j’en ferais peut-être quelque chose…"
C’est lors d’une conversation avec un camarade de longue date, Jacques Leblanc, qui incarne le seul personnage de la pièce, que l’idée se précise, et devient peu à peu projet. "Jacques a lu le roman, et a été touché, sans trop savoir pourquoi lui non plus. On s’est donné un an, à lire le roman ensemble, pour voir si c’était possible au théâtre; ça l’était… J’en ai fait l’adaptation, on a répété, et on est maintenant à l’aube de la première…"
Que raconte la pièce? "Un homme dans la quarantaine rentre chez lui, bouleversé: il a rencontré son ancien professeur d’université, devenu clochard. Il tient un carnet, que le professeur lui a donné ou qu’il a volé, on ne sait trop. Pourquoi est-il si troublé? C’est qu’il se projette dans ce prof-là, comme s’il était un peu son avenir, ses craintes, son écho vieillissant… Avec ce petit carnet, il essaie de reconstruire la vie du prof. Il n’y a presque rien dedans. Alors c’est lui-même qui, durant toute une nuit, fait oeuvre de création, et invente la vie du professeur, et donc sa propre vie. Il révèle ses craintes, ses désirs, ses ambitions, ses regrets, ses hontes: son intimité. En fait, ce qui me touche là-dedans, c’est qu’on voit comment un homme se construit… Ça m’émeut."
Comme metteure en scène, Marie-Ginette Guay retrouve le plaisir qu’elle éprouve à jouer, incarnant, en 20 ans, plus de 80 rôles. "Le théâtre, c’est mon espace de liberté le plus grand… Et ça permet aussi, peut-être, d’essayer de comprendre un petit peu mieux c’est quoi cette machine-là, un être humain. C’est un peu comme si on feuilletait une grande encyclopédie. On ne la lit pas: on essaie de l’incarner à chaque page. C’est fascinant."
Du 22 janvier au 15 février
Au Théâtre Périscope
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