Les Femmes de bonne humeur : Ce n’est pas triste, Venise…
Pour marquer leur arrivée sur le marché, les diplômés de la promotion 2001 du Conservatoire d’art dramatique de Montréal ont choisi de "maghaner" une comédie de Carlo Goldoni. Le Théâtre de la Banquette arrière peut aller de l’avant, le talent ne manque pas à bord!
Pour marquer leur arrivée sur le marché, les diplômés de la promotion 2001 du Conservatoire d’art dramatique de Montréal ont choisi de "maghaner" une comédie de Carlo Goldoni. Incarnées par ces irrévérencieux 10 comédiens, Les Femmes de bonne humeur du maître italien se transforment en… femmes en chaleur, prêtes à toutes les bassesses pour faire tomber les hommes dans leur lit. Ce genre de Sex in the City vénitien, écrit il y a près de 250 ans, est dirigé par Serge Denoncourt, qui en fait un moment de théâtre décadent, excessif et dérangeant.
C’est le carnaval à Venise. Pour se désennuyer, Costanza et Felicita (Marie-Ève Pelletier et Lise Martin, perverses à souhait) décident de s’amuser aux dépens du séduisant Rinaldo (Sébastien Dodge, parfait gigolo). Costanza dicte à sa tante Silvestra (Éric Paulhus, hilarant lorsqu’il chante) une missive enflammée dans laquelle une admiratrice secrète avoue son amour au beau Toscan et lui propose une rencontre au café. Pour qu’il puisse la reconnaître, elle promet de porter un ruban à son corsage. Cinq femmes se présenteront sur les lieux arborant la décoration. Mais à trop vouloir embraser les coeurs, les allumeuses de Goldoni finiront par se brûler…
Marco Micone avait déjà traduit cette comédie pour le Trident en 2000. Le Théâtre de la Banquette arrière a joyeusement fini la besogne avec cette décapante adaptation: la vieille tante Silvestra est un travesti qui chante du Dalida; le sexy Rinaldo sniffe de la coke; les masques sont remplacés par des lunettes de stars et les rubans roses sont devenus des rubans sida. Tous se baladent cellulaire en poche et vêtements griffés sur le dos (costumes et décors de Marc Sénécal). Un long échange entre la servante enceinte Mariuccia (Sophie Cadieux, excellente) et le mari trompé de Felicita, Leonardo (Simon Rousseau), a lieu tandis qu’ils baisent, prenant appui sur une table. Les hommes s’embrassent à pleine bouche, les femmes se font hypocritement la bise. Ainsi revampé, ce spectacle sur les apparences ne perd pas son sens, au contraire, et trouve une résonance particulièrement forte aujourd’hui.
Bien que la production perde progressivement en rythme et en drôlerie, alourdie par de longues séquences sans paroles baignées de la musique lancinante d’In the Mood for Love, elle se compare avantageusement à la moyenne des pièces de finissants jouées à la Salle Fred-Barry. Le Théâtre de la Banquette arrière peut aller de l’avant, le talent ne manque pas à bord!
Jusqu’au 26 janvier
À la Salle Fred-Barry