Formule Interprète : Jeunesse d'aujourd'hui
Scène

Formule Interprète : Jeunesse d’aujourd’hui

Dans le cadre des célébrations entourant le 20e anniversaire de la compagnie, Danse-Cité présente à l’Agora de la danse une soirée composée d’extraits de sa formule Interprète pour des danseurs de la relève.

Aux yeux du profane, la prestation d’un danseur équivaut souvent à celle d’un autre. À moins de s’appeler Louise Lecavalier, Andréa Boardman ou Louis Robitaille, et encore… Cette tendance du public à reléguer l’interprétation au second plan évacue, du coup, l’habileté technique, le charisme et la passion; des qualités souvent acquises au fil des années et qui distinguent un bon danseur d’un excellent.

Dans le cadre des célébrations entourant le 20e anniversaire de la compagnie, Danse-Cité tend à réparer cette injustice en présentant à l’Agora de la danse une soirée composée d’extraits de sa formule Interprète. Cette formule, créée en 1991, a permis à une douzaine de danseurs aguerris de demander à des chorégraphes de leur choix de leur concevoir de courtes pièces dans le cadre d’une soirée. Applaudie par le public, cette formule doit principalement son succès à la qualité de l’interprétation.

En sélectionnant des solos, duos et trios qui ont fait les belles heures du volet Interprète, Danse-Cité pouvait difficilement rater son coup. Mais son directeur artistique, Daniel Soulières, a préféré flirter avec le risque en confiant l’interprétation à des danseurs de la relève.

Fruit du hasard ou intention calculée? Les participants ressemblent physiquement à leur prédécesseur. Marie-Ève Nadeau entretient ce petit côté androgyne de Liza Kovacs. La mince silhouette de Daniel Villeneuve évoque celle de Ken Roy alors que David Kilburn partage un air familier avec Sylvain Lafortune. Mais à la différence de leurs aînés, il manque à la distribution cette force d’attraction qui fait qu’on ne lâche plus des yeux un danseur sur la scène.

Attention, ce n’est ni le talent ni la volonté qui manquent à la plupart de ces jeunes formés aux Ateliers de danse moderne de Montréal. En l’espace de quelques semaines seulement, ceux-ci sont parvenus à maîtriser des langages à la fois différents et complexes. L’interprétation des danseuses se démarque néanmoins de l’interprétation nonchalante de leurs confrères. Ainsi, le premier moment de bonheur survient lors de l’exécution de Pavane. Catherine Viau a su rendre avec émotion ce solo de Sylvain Émard conçu en 1992 pour Manon Levac. Dans Côté coeur, côté jardin, Elinor Fueter avait un long chemin à parcourir pour nous faire oublier la performance d’Annik Hamel, pour qui José Navas avait chorégraphié ce solo énergique et verbeux. En dépit d’un début chaotique et laborieux, son talent a vite éclaté sous les feux des projecteurs. Enfin, dans Seule et Liza, Marie-Ève Nadeau rend avec naturel les mouvements rigoureux et athlétiques de la chorégraphe Dominique Porte.

Malgré une durée de presque deux heures, on ne saura passer à côté de cette soirée qui livre des morceaux extraordinaires, mais éclectiques, du répertoire de Danse-Cité. Elle nous rappelle son indéniable contribution à la popularité de la danse contemporaine d’ici.

Jusqu’au 2 février
À l’Agora de la danse