Les Oubliettes du coeur : La mélodie du bonheur
Scène

Les Oubliettes du coeur : La mélodie du bonheur

Voxtrot, vous connaissez? Fondée en 1987, cette troupe a connu sa petite heure de gloire au début des années 90, avec des spectacles tels Écho d’une miette et La Foire de l’inertie.

Voxtrot, vous connaissez? Fondée en 1987, cette troupe a connu sa petite heure de gloire au début des années 90, avec des spectacles tels Écho d’une miette et La Foire de l’inertie. Un ton ludique et parodique, une forme éclatée, une recherche sonore, un trio de créatrices-interprètes énergiques. Ensuite, Mylène Roy a quitté la bande, et les spectacles se sont espacés: depuis Dialogue de sourds, en 1998, rien.

Jusqu’à aujourd’hui. La nouvelle création de Voxtrot, Les Oubliettes du coeur, ramène Bill et Boquet (vous la saisissez?), les héros de Dialogue de sourds. Les voici sous les traits de frère et soeur dissemblables au possible, qu’un supposé héritage d’une tante lointaine réunit à nouveau, après sept ans de silence.

Entre l’ambitieux et richissime homme d’affaires (Christophe Rapin) et la fille bohème-cassée-incapable de garder un emploi (Michoue Sylvain), il y aura bien sûr un gros choc des valeurs. Surtout, les deux ont des visions divergentes de leur enfance, et de leurs parents, évidemment très inadéquats. Des flash-back nous permettent de remonter à la source de leurs problèmes respectifs: le don juanisme en série de Bill, privé de l’affection maternelle, et l’existence d’ermite de la bavarde Boquet, amputée de l’attention paternelle. Entre les frangins, le malentendu restera entier jusqu’à la fin.

Sous sa sauce caricaturale et bédéesque, alourdie de velléités psychologiques, la pièce fouille donc la quête des origines, l’incommunicabilité, les différences irréconciliables, la famille comme berceau de nos failles, des thèmes souvent explorés et auxquels Les Oubliettes du coeur n’apporte pas grand-chose de neuf, sinon une certaine folie de traitement.

Les compositions parodiques des deux interprètes donnent lieu à quelques scènes colorées. Par exemple, un party de Noël complètement déjanté mais un peu trop long, prétexte à une virevoltante parade de plusieurs personnages. Michoue Sylvain, surtout, se révèle impayable dans une acrobatique scène sexuelle. Sa mise en scène – signée en collaboration avec Yves Dagenais – ne manque pas de trouvailles.

Le texte de Sylvain traite parfois la langue comme une musique (genre "une ex-grano restée ado avec un look recyclo, ça fait pas très techno"…). Entre deux chansons qu’elle interprète de sa belle voix jazzée, Charmaine LeBlanc ponctue du bruitage cher à Voxtrot les échanges entre Bill et Boquet – soulignant leurs disputes au moyen de bruits plus dérangeants qu’autre chose.

Avec ses personnages dessinés à gros traits, les développements absurdes de son intrigue, Les Oubliettes… amuse et séduit parfois. Mais le ton du spectacle apparaît, par moments, un peu puéril, comme dans un show pour adolescents. Le charme du début n’opère peut-être plus autant…

Jusqu’au 10 février
Au Théâtre La Chapelle