L'Honnête Fille : Joyeux délire
Scène

L’Honnête Fille : Joyeux délire

Si faire rire, c’est séduire, alors personne ne restera indifférent aux charmes de L’Honnête Fille de Goldoni, telle que mise en scène par Jean-Guy Legault, assisté de Simon Boudreault.

Si faire rire, c’est séduire, alors personne ne restera indifférent aux charmes de L’Honnête Fille de Goldoni, telle que mise en scène par Jean-Guy Legault, assisté de Simon Boudreault. Cet hiver, plusieurs théâtres montréalais proposent l’évasion par le rire; le Théâtre Denise-Pelletier, lui, pousse la folie un cran plus loin avec ces nouveaux venus à la démence contagieuse, si l’on en juge par la performance exubérante des comédiens. Il y a plusieurs manières d’amuser, la leur est la manière forte, pas subtile mais fougueuse et efficace. Petit aperçu d’un délire collectif…

L’Honnête Fille, une comédie écrite en 1749 mais traduite en français il y a 10 ans à peine, a servi de canevas à l’équipe, qui s’est permis d’y ajouter sept chansons – des pastiches, entre autres, des Parapluies de Cherbourg et de Jethro Tull – et 338 gags, au moins, du genre "Pète et Répète qui s’en vont en gondole…"

Si Goldoni avait cherché par cette oeuvre à réformer la commedia dell’arte, on nage cette fois dans la farce, bien grasse. L’histoire est simple: Bettina (Myriam Poirier) est pauvre, orpheline et si belle que tous les mâles de Venise rampent à ses pieds. Mais c’est une honnête fille, dont le coeur bat pour Pasqualino (Gary Boudreault, un casting étonnant). Les deux tourtereaux finiront bien par s’épouser, mais ils devront d’abord se livrer à une impressionnante course à obstacles.

C’est du théâtre sportif que donnent à voir les 10 interprètes de ce dérapage contrôlé, qui incarnent plusieurs personnages, participent aux changements de décors – un ingénieux module transformable en bois -, dansent et chantent, même si certaines voix manquent de puissance. Du lot se démarquent les plus expérimentés, soit Marc Béland, délicieux Pantalon, Geneviève Rioux et Gary Boudreault, mais aussi des visages moins connus: l’irrésistible Éloi Cousineau et, surtout, Luc Bourgeois, dont le physique et la technique de danse évoquent Marc Labrèche! À la lumière de sa performance, il est permis de croire tenir là un de nos prochains grands acteurs comiques.

Jean-Guy Legault et ses comparses injectent une bonne dose d’imagination à une pièce de répertoire, ce qui donne un spectacle tapageur et vivant, sans autre prétention que celle de susciter la joie, le rire… et les applaudissements. Pourquoi se priver de ce plaisir libérateur?

Jusqu’au 16 février
Au Théâtre Denise-Pelletier