Loha et Thok : Parti pris
Scène

Loha et Thok : Parti pris

La vie artistique de Roger Sinha a connu plusieurs revirements au cours des dernières années, mais l’artiste de 41 ans vient de trouver sa voie.

La vie artistique de Roger Sinha a connu plusieurs revirements au cours des dernières années, mais l’artiste de 41 ans vient de trouver sa voie. Ses dernières créations, Loha et Thok, révèlent une signature originale et complexe, au faîte de sa maturité, qui se démarque clairement de celle des chorégraphes de sa génération.

L’artiste d’origine arménienne et indienne a beau dire qu’il ne raconte plus sa propre histoire par la danse et que sa danse-théâtre est loin derrière lui, il reste que ses mouvements, aussi purs soient-ils, continuent de se donner joyeusement la réplique.

S’inspirant de la danse classique indienne, Roger Sinha a construit un duo (Loha) qui évoque librement les jeux de pieds et de mains du bharatanatyam. Interprétés de façon superbe par Natasha Bakht, la multitude de mouvements se font et se défont à une vitesse vertigineuse, et cela, en conservant un rythme fluide. Légère et gracieuse, la danseuse d’origine indienne, qui vit aujourd’hui à Ottawa, semble tout droit tirée des anciennes écritures égyptiennes. Elle vaut à elle seule le détour.

Par ailleurs, Roger Sinha a su intégrer, avec doigté et finesse, la danse classique indienne à la danse contemporaine avec l’aide de sa partenaire, ainsi que de Ganesh Anandan et Rainer Wiens, lesquels jouent sur scène percussions et guitare électrique. Seul bémol: une lumière en pénombre et des costumes foncés dans un duo pourtant lumineux.

L’émerveillement reste au rendez-vous dans Thok. Moins marqué par la danse indienne, ce quatuor débute de façon magistrale: les danseurs exécutent avec brio une gestuelle dynamique et sensuelle. C’est suivi d’un solo interprété par Sophie Lavigne, qui s’y révèle extraordinaire malgré un mince bagage professionnel.

Enfin, la danse de Sinha affiche peu de temps morts. L’intéressante musique de Dino Giancola et Charmaine LeBlanc aidant, le spectateur se laisse entraîner avec bonheur dans l’étonnant univers de Sinha, où tintements de grelots et onomatopées viennent colorer le vocabulaire chorégraphique. Il arrive même au public de sourire par moments. Et lorsque les lumières s’éteignent, il quitte la salle avec l’impression d’avoir assisté à la naissance d’un grand artiste.

Jusqu’au 16 février
À l’Agora de la danse