Yves Desgagnés : En avant la musique!
"Pour la première fois de ma vie, j’entre à l’université!" annonce fièrement l’homme-orchestre, recruté par l’Atelier d’opéra de l’Université de Montréal pour diriger Cendrillon, de Jules Massenet.
Yves Desgagnés
retourne à l’école. "Pour la première fois de ma vie, j’entre à l’université!" annonce fièrement l’homme-orchestre, recruté par l’Atelier d’opéra de l’Université de Montréal pour diriger Cendrillon, de Jules Massenet, dans le cadre du Festival Montréal en Lumière. Il tire un plaisir évident de cette escapade chez les universitaires, qui lui permet d’insuffler le goût du théâtre aux chanteurs d’opéra de demain. L’exubérant metteur en scène des Joyeuses Commères de Windsor dirigera 14 solistes et 30 choristes, qui se produiront avec 60 musiciens de l’Orchestre de l’Université de Montréal dans "notre petit Carnegie Hall à nous", la salle Claude-Champagne.
"Si on aime le théâtre, on doit absolument s’intéresser à l’opéra, un art pur qui, comme la peinture, ne s’enfarge pas dans la réalité", s’enthousiasme la recrue. Si certaines incohérences sont permises, l’opéra demeure une prison dorée. "Au théâtre, on peut faire ce que l’on veut entre deux répliques, mais à l’opéra, il faut respecter le rythme. Le climat est en grande partie créé par le chef d’orchestre." Ces contraintes lui ont permis de comprendre pourquoi les chanteurs bougeaient si peu: ils doivent toujours pouvoir regarder le chef d’orchestre!
Peu joué depuis sa création en 1899, l’opéra Cendrillon a conquis Yves Desgagnés, d’abord ennuyé par l’enregistrement de l’oeuvre – "C’était une punition de mettre le disque!" -, puis séduit par la beauté du "chant en trois dimensions" des interprètes.
Selon lui, le temps est venu de dispenser une véritable formation d’acteur aux futurs chanteurs, qui disposent déjà d’une capacité d’écoute digne des grands comédiens, "qui vibrent comme une anche". "Ils ont intégré un tel niveau d’abstraction que j’ai parfois l’impression d’être devant un Riopelle!" s’esclaffe-t-il. Un peu comme le grand peintre, qui a dessiné des chefs-d’oeuvre sur des napperons, Desgagnés espère produire un miracle avec presque rien, grâce à ses inventifs collaborateurs Judy Jonker et Michel Beaulieu.
Pris au jeu, le metteur en scène compte bien répéter l’aventure, et ne se gêne pas pour dénoncer le manque d’ouverture de l’Opéra de Montréal, qui se serait déconnecté du milieu théâtral sous le règne de Bernard Uzan. "Pourtant, nous sommes nombreux à rêver d’y travailler. J’aurais aimé ça, monter La Traviata! Le théâtre a énormément évolué, mais l’opéra est resté figé dans les années 50! C’est grave! Moi, après 22 ans de mise en scène, j’ai besoin de nouveaux défis. Je suis rendu là!" Espérons qu’une bonne fée entende son souhait…
Du 27 février au 2 mars
À la salle Claude-Champagne de l’Université de Montréal