

La Peste : L’acte du mal
Après Orlando et Histoires minimales, MARIE DUMAIS se consacre à l’adaptation et à la mise en scène du roman La Peste (1947). À voir bientôt: le fruit d’une année de travail.
Marie Dumais
Dans les années quarante, la peste fait rage à Oran; on isole la ville et on tente d’endiguer le fléau. À travers les personnages, dont un médecin, un journaliste, un Jésuite, ce sont différentes réactions devant la souffrance que peint Camus. La peste, pouvant figurer tout mal qui détruit et se propage – guerre, vice ou fanatisme -, entraîne de graves réflexions sur la condition humaine.
Pour adapter le roman de Camus, Marie Dumais a mis quatre bons mois. "Je me disais: "Camus, c’est une mine d’or, ça va être facile." Mais non, pas du tout! Entrer à chaque fois dans l’émotion d’un personnage – il y en a six -, c’était lourd; même s’il y a des dialogues, essayer d’en tirer le maximum pour que tout soit clair, ce n’était pas évident. Je me laissais porter; c’était comme s’il me fallait entrer dans l’énergie de la chose."
"Ce qui m’a fait choisir La Peste, ce sont les événements qui nous entouraient l’an passé, poursuit l’artiste. Quand j’ai commencé en janvier, il y avait Bush qui faisait toutes sortes de déclarations d’extrême droite qui me faisaient peur; j’ai fini l’adaptation du roman pendant le Sommet des Amériques. Je vivais dans le quartier latin; j’étais là-dedans, à côté de la clôture, dans la boucane… Je me disais: "C’est notre peste à nous." J’ai trouvé ça assez difficile."
Adapter pour la scène un roman qui soulève des questions existentielles, montrer des personnages mais aussi une ville et toute une population pose nombre de contraintes. Certains des personnages principaux, tous masculins chez Camus, deviennent des femmes dans l’adaptation de Marie Dumais; de plus, elle ajoute une narratrice. "C’est quelqu’un qui représente la majorité silencieuse: on regarde, on écoute, on juge d’une situation mais en général, on ne dit rien. Cette personne-là témoigne. C’est une aveugle, qui symbolise un peu le fait qu’on se ferme les yeux sur beaucoup de choses, ce qui ne nous empêche pas de les recevoir. Elle se promène dans la ville, elle entend, elle ressent. Ceux qui ont les yeux ouverts vont tellement vite, sont tellement préoccupés qu’ils n’ont plus de recul pour juger de la situation; elle, moins active dans la société, a le temps de "voir"."
Pour créer l’atmosphère du roman, Marie Dumais s’appuie sur le travail des concepteurs qui, venant de milieux différents, se sont tous rejoints autour d’images communes que créent lumières, projections, musique, costumes, mouvements chorégraphiés. "Ça va peut-être ressembler à un livre; on ne le sait pas… C’est une expérience de création, où tout le monde est en ébullition; c’est important de faire ça."
Du 12 au 30 mars
À la Caserne Dalhousie
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