Jean-Pierre Perreault : Retour vers le futur
Scène

Jean-Pierre Perreault : Retour vers le futur

Dans son nouvel espace, le chorégraphe JEAN-PIERRE PERREAULT a décidé d’entreprendre, en plus des créations futures, l’étonnant voyage qui consiste à remonter ses oeuvres anciennes. Prochain rendez-vous: la reprise de  Nuit.

Il y a un an, exactement à la même période, l’événement en danse était l’inauguration de l’Espace chorégraphique, cette ancienne église située rue Sherbrooke, devenue depuis le lieu de création et de diffusion de la Fondation Jean-Pierre Perreault. Dans ce nouvel espace, le chorégraphe a décidé, en plus des créations futures, d’entreprendre l’instructif, émouvant et souvent étonnant voyage qui consiste à monter une nouvelle fois d’anciennes oeuvres. "Ça fait 30 ans cette année que je fais de la chorégraphie, et j’ai ressenti le besoin de retourner à certaines pièces. Moi, je ne crois pas que la danse soit éphémère. Comme la littérature et le théâtre, elle peut conserver des oeuvres encore éloquentes, encore vivantes, et celles-ci forment le répertoire. Je ne vais pas reprendre toutes mes chorégraphies, mais certaines qui méritent d’être revues. Quand on remonte une pièce, on n’est plus du tout au niveau de la création, on est à celui de l’interprétation, et surtout, de la rencontre des danseurs avec le public. Je peux me concentrer uniquement sur ça." Première de la série de pièces que Jean-Pierre Perreault a choisi de reprendre: Nuit, créée en 1986. "Je crois que c’est une oeuvre importante. Il y a longtemps que je souhaite la revoir. J’attendais d’avoir mon lieu, de pouvoir la présenter sur une scène immense, mais en même temps dans un climat d’intimité avec les spectateurs, ce qui est possible à l’Espace chorégraphique puisque nous disposons d’un très grand plateau pour moins d’une dizaine de rangées de sièges." Autre raison de jubiler pour Jean-Pierre Perreault: le défi qu’il lance à son équipe avec cette aventure. "J’ai voulu n’avoir aucun danseur de la création, partir d’une distribution entièrement nouvelle. Comme je dis toujours aux danseurs: votre interprétation est unique, elle vous appartient, mais les rôles sont les miens, et votre plus grand défi est d’en faire un nouvel univers. J’ai choisi de monter Nuit avec huit danseurs au lieu de dix, alors ils ont tous deux rôles; et la distribution, en rotation de partenaires, change toutes les semaines!

Ça va garder un côté très vivant! C’est important de déstabiliser les danseurs. Pour moi, c’est ça un artiste: quelqu’un qui ose être sur la corde raide."

Au moment où Perreault se lance dans la réédition de certaines de ses chorégraphies, vient de paraître aux éditions Les Heures bleues Regard pluriel, collectif dirigé par Michèle Febvre sur l’univers du chorégraphe. Période bilan? "Je suis toujours en réflexion sur ce que je fais, mais c’est sûr que ce livre m’oblige à regarder le passé. Quand je l’ai lu, je me suis demandé avec angoisse ce qu’il me restait à faire… Et puis après, je me suis dit qu’au contraire, ça me réaffirmait certaines choses. Ma démarche n’est pas linéaire, c’est un développement en dents de scie… Mais j’ai encore beaucoup de projets et

beaucoup d’énergie." Parmi les pièces qu’espère reprendre Jean-Pierre Perreault, on retrouve Îles, créée en 1991. Le chorégraphe prépare aussi un spectacle dans lequel il veut ramener ses meilleurs duos, et il travaille sur sa prochaine création.

Du 26 mars au 13 avril 2002
À l’Espace chorégraphique, 2022, rue Sherbrooke Est