Les Dix Commandements : La traversée du désert
C’est magnifique, un beau coucher de soleil. Mais ce n’est pas un spectacle. Et ça ne coûte pas 126,50 $ le billet pour avoir de bonnes places au parterre…
C’est magnifique, un beau coucher de soleil. Mais ce n’est pas un spectacle. Et ça ne coûte pas 126,50 $ le billet pour avoir de bonnes places au parterre…
Visuellement, Les Dix Commandements, à l’affiche du Théâtre Saint-Denis, risquent d’éblouir certains néophytes. Les producteurs n’ont pas lésiné sur les moyens: 256 costumes portés par une cinquantaine d’interprètes; et, au-dessus d’un décor immense et pharaonique, trois écrans géants projetant constamment des images de ciels pourpres et de paysages exotiques.
Le problème, c’est que ce n’est que ça: un gros enrobage visuel et sonore, sans aucune proposition artistique. Ni théâtre, ni danse, ni opéra, ce "spectacle musical" est une vaste entreprise d’esbroufe culturelle.
Ce n’est surtout pas une comédie musicale! Pour ce, on aurait eu besoin d’un livret, d’une mise en scène, de chorégraphies, d’une progression dramatique digne d’un musical. Mais on ne connaît pas vraiment ce genre au Québec, puisqu’on le confond toujours avec des spectacles chantés, comme Notre-Dame de Paris ou ces Dix Commandements, qui juxtaposent une histoire universellement connue à de la musique (très) populaire…
Jamais, au grand jamais, les vrais amateurs de musicals à Broadway et à Londres n’encourageraient ce show créé par le compositeur Pascal Obispo, sur des paroles de Lionel Florence et Patrice Guirao, et dans une mise en scène d’Élie Chouraqui. Les chorégraphies sont nulles (les danseurs bougent n’importe quand et n’importe comment), la mise en scène est une catastrophe, il n’y a aucune interaction entre les personnages, et ceux-ci n’ont aucun relief. L’interprétation est faible et il n’y a pas de synergie entre les artistes européens et les Québécois. Martine Saint-Clair (Bithia) et Mario Pelchat (Moïse) semblaient chercher encore leur personnage le soir de la première. Étonnamment, seul le chanteur de La Chicane, Boom Desjardins (Josué), se distingue comme un solide interprète doté d’une présence et d’une voix remarquables.
Au bout du compte, "la plus belle histoire de tous les temps" ressemble à un fouillis dramatique impossible à suivre. D’ailleurs, le vieux couple juif assis à côté de moi – qui connaît pourtant par coeur les étapes de la vie de Moïse et le calvaire du peuple hébreu -n’arrivait pas à reconnaître les personnages sur la scène. Il aurait été utile qu’un représentant de Clarica, comme dans cette pub à la télé, monte sur scène et clarifie les enjeux dramatiques…
À la fin du premier acte, après que Moïse eut pris la fuite dans le désert, j’ai décidé de fuir le Saint-Denis à mon tour. Chaque homme a ses limites, dit-on. J’avais atteint les miennes.
Jusqu’au 7 avril
Au Théâtre Saint-Denis 1