Louis Robitaille : Nouvel éclairage
Scène

Louis Robitaille : Nouvel éclairage

L’an dernier, les Ballets jazz de Montréal proposaient Lumière Espace Temps, un splendide spectacle, sensible et rafraîchissant. Le charme a opéré, la compagnie revient cette année avec Lumière Espace Temps II pour célébrer ses 30 ans.

Cela fait maintenant quatre ans que Louis Robitaille dirige les Ballets jazz de Montréal. S’il est encore un peu tôt pour dresser le bilan de sa direction artistique, le regard que le principal intéressé pose sur le travail accompli est empreint de fierté et d’enthousiasme. "On a réalisé, en moins de temps que prévu, les objectifs qu’on s’était fixés! C’est allé vite, et tout le travail a porté fruit. Le calendrier se remplit de plus en plus, le nombre de spectacles et de tournées a augmenté, la critique et le public ont bien suivi. On a beaucoup insisté sur l’aspect "interprètes" de la compagnie, on a voulu que ce soit la priorité, et le résultat, c’est que les gens, partout, parlent d’abord des danseurs, à la limite, plus que des chorégraphes, ce qui est assez étonnant aujourd’hui, ajoute Robitaille calmement. Du point de vue administratif, on réussira cette année à éliminer notre déficit, et on a enfin pu offrir aux danseurs de bien meilleures conditions de travail." L’objectif ultime? "Ce qu’on désire, c’est que cette compagnie devienne le reflet de ce qui se fait en danse néoclassique contemporaine, ici et dans le monde." Seule ombre au tableau: la perception que certains ont encore de la compagnie. "Des préjugés qu’entretiennent ceux qui ne sont pas venus voir nos spectacles récemment. Ça, ça m’agace beaucoup. Pourtant, la plupart des spectateurs se sont dits enchantés, surpris. Le temps, j’espère, corrigera cette petite lacune… et puis le travail, beaucoup de travail", admet le directeur artistique, qui ne semble manquer ni d’ardeur ni de patience…

Preuve de l’évolution de la compagnie, les Ballets jazz, l’an dernier, nous proposaient, avec Lumière Espace Temps, un splendide spectacle, sensible et rafraîchissant, constitué de plusieurs créations de jeunes chorégraphes. Opération dépoussiérage réussie. Puisque le charme a opéré, et comme les thèmes définis dans le titre demeurent vastes, on y

va cette année pour Lumière Espace Temps II, spectacle qui sera donné à nouveau à l’Espace Go. Parmi les pièces au programme, signalons la reprise de Sous le rythme…je, de Patrice Delcroix, vibrante chorégraphie dansée et martelée par 10 danseurs (le grand succès de l’an dernier), Blue Until June de Trey McIntyre, sur des chansons d’Etta James, et surtout Short Works: 23, première d’une trilogie de Crystal Pite, maintenant chorégraphe en résidence aux Ballets jazz. "Elle est un des talents les plus prometteurs au Canada, explique Louis Robitaille. C’est une femme remplie de curiosité, d’originalité. Elle a un talent fou pour découvrir la personnalité de chaque danseur, et elle a conçu sa chorégraphie sur mesure, pour nous. Sa gestuelle est inattendue, son langage, très personnel. C’est assez unique. Bien sûr, il y a la technique et le vocabulaire du classique derrière tout ça; si on parle d’expansion, de ligne, de précision, tout y est, mais désarticulé, et c’est cela qui est fascinant!" Lumière Espace Temps II coïncide avec le trentième anniversaire des Ballets jazz de Montréal. Bien que la compagnie soit toute à son

évolution et au regain d’intérêt qu’elle suscite, elle n’entend pas renier son passé. Le spectacle, donc, sous forme d’un montage vidéo d’images d’archives, rendra hommage aux anciens et aux créateurs-fondateurs. "30 ans, c’est pas rien!" conclut Louis Robitaille, sereinement admiratif.

Du 3 au 14 avril
À l’Espace Go