Pierre-Paul Savoie : Profondément humain

Un homme et une femme qui s’aiment durant 50 ans. Pour nous raconter toutes les étapes de leur longue relation, cinq interprètes: George Molnar, Elizabeth Langley, Katie Ward, Tom Casey et Mireille Leblanc. C’est, en raccourci, la ligne directrice du nouveau spectacle que signe Pierre-Paul Savoie: Strata, mémoires d’un amoureux.

"Ce qui m’a passionné, c’est de me demander comment une relation évolue à travers le temps, comment on finit par voir la personne avec qui on partage sa vie depuis si longtemps, même si, de nos jours, ça se résume plutôt à quelques années, explique le chorégraphe. Ce que j’essaie de comprendre, c’est comment on demeure vivant dans une relation. Pour y arriver, ou il y a de la négation, ou, au contraire, il y a quelque chose d’immensément constructif, d’immensément riche."

Avec ce nouveau spectacle, Pierre-Paul Savoie part d’une histoire d’amour, pour réfléchir sur le sens de la vie, le temps qui passe, les liens entre les générations. À quelques jours de la première montréalaise (le spectacle a été créé cet automne en Norvège), le créateur ne patauge ni dans l’inquiétude ni dans la crainte. Il baigne plutôt dans le bonheur et la plénitude. "Le spectacle a, je crois, une grande profondeur. Je ne veux pas parler de la vie, bêtement. Il faut réfléchir en bibitte pour que ça rejoigne l’universel! Mais j’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de très intime et poétique. Je ne savais pas comment les gens allaient réagir, on est fragile et vulnérable quand on se livre autant; mais dès le premier soir, j’ai été heureux. Profondément. J’ai senti que le petit être humain en moi avait atteint son but: communiquer l’universel qu’on porte en chacun de nous. J’ai changé mon vocabulaire, j’ai laissé beaucoup de place aux spectateurs, j’ai livré la poésie que je vis; bref, j’ai atteint mes objectifs. C’est un spectacle dans lequel plusieurs pourront se reconnaître."

Strata, mémoires d’un amoureux, comme l’ensemble des créations de PPS Danse, est un spectacle à caractère multidisciplinaire et multimédia. La danse et la gestuelle théâtrale sont intégrées à des environnements visuels et sonores, dans le but de mêler (encore une fois) l’art et les nouvelles technologies. Mais ici aussi, le créateur fait preuve de sensibilité et de subtilité. "Ce qui est exaltant, lance Savoie, c’est la richesse de l’expérience humaine. La technologie sert à mettre ça en valeur. Dans ce spectacle, elle ne dérange personne, elle n’est pas le point de mire, on l’oublie presque, elle vient se coller au propos du spectacle. Souvent, ce qui arrive avec la technologie, c’est qu’elle est attrayante, séduisante pour les créateurs, mais au détriment de l’humain. Mon parti pris est de la dissimuler. En fait, ma démarche est obsédée par l’être humain. Je me vois souvent comme un travailleur social! L’oeuvre est un prétexte à ouvrir la discussion avec le public."

Du 9 au 13 avril
À la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau