Stéphane Demers : Retour vers le futur
Scène

Stéphane Demers : Retour vers le futur

Sans eux, le paysage théâtral serait sûrement plus morne et plus prévisible. Les loustics de Momentum sévissent depuis 13 ans déjà…

Sans eux, le paysage théâtral serait sûrement plus morne et plus prévisible. Les loustics de Momentum sévissent depuis 13 ans déjà; une période pendant laquelle la troupe a créé 22 spectacles, en a coproduit trois, sans compter les laboratoires publics. Amplement de quoi nourrir un spectacle commémoratif et, pourquoi pas, une oeuvre multimédia.

Après les Laboratoires Crête, Momentum amorce donc son Année de l’Os par Fin de siècle, un "cabaret technologique" présenté seulement deux fois, jumelé au lancement d’un DVD interactif recréant les temps forts de la première décennie de la compagnie, du Dernier Délire permis aux 12 messes pour le début de la fin des temps. La "fête théâtrale" se déclinera en musique et en performances, avec des extraits de spectacles sur écran ou live.

"Quand on a visionné des extraits, c’était très touchant de constater le travail qui avait été accompli, explique Stéphane Demers, un membre de la première heure. C’est aussi une façon de constituer notre mémoire, pour pouvoir passer à autre chose. Ça ne se peut pas d’avoir mis deux ans de notre vie dans des shows qui ont joué 22 fois, et que rien n’en reste. Moi, je pense – et c’est un peu le pari du DVD – qu’il y a des gens qui seraient prêts maintenant à voir Helter Skelter, ou Nuits blanches; c’est incroyable que ces spectacles n’aient pas eu plus d’impact: je pense que c’était trop tôt. Et ça devient un prétexte aussi à faire un gros cabaret, où nos amis de la famille étendue de Momentum vont venir interpréter d’anciens personnages."

Une rare occasion de voir sur une même scène les neuf membres du noyau dur de la troupe: Céline Bonnier, Nathalie Claude, Stéphane Crête, Dominique Leduc, Marcel Pomerlo, Jean-Frédéric Messier, Sylvie Moreau, François Papineau.

"Momentum, c’est un ensemble de gens assez différents, avec des intérêts et des talents hétérogènes, mais qui ont, curieusement, développé des envies théâtrales communes. Et les divergences d’intérêts stimulent les autres. On ne s’est jamais limité."

Le travail de cette troupe née en 1990, au langage iconoclaste, éclaté et multidisciplinaire, n’a d’abord pas suscité que de bons commentaires. "On a souvent entendu ces échos sur Momentum ou sur notre génération: comme quoi on n’a rien à dire, et que c’est bien beau le ludisme, mais il faudrait devenir sérieux à un moment donné…"

Toutefois, pour Stéphane Demers, ludisme et travail sérieux ne sont pas antonymes. Et Momentum a beau représenter "le lieu de tous les fantasmes, là où pendant longtemps je me suis vengé d’une vie civile que je trouvais quelconque", "c’est un théâtre extrêmement sérieux et rigoureux. Pour moi, la liberté c’est pas de faire n’importe quoi, mais de travailler assez rigoureusement pour pouvoir se permettre de faire tout ce qu’on veut".

Il y a quelques années, avant l’avènement des 12 messes…, la troupe a connu une grosse crise existentielle: ses membres se sont demandé si ça valait la peine de continuer à engouffrer autant d’énergie dans de gros shows collectifs bisannuels, qui mouraient rapidement. D’où l’idée de composer des saisons ouvertes à plusieurs créateurs, à "une multitude de plus petits projets qui ne se feraient pas autrement". De brefs shows-rituels qui nous sortent souvent des lieux théâtraux.

Une démarche qui semble avoir trouvé son public. Un public au spectre très large, composé d’un certain nombre de fidèles. "De toute évidence, il y a quelque chose qui se passe entre le public et Momentum, actuellement, constate le comédien. Les spectacles ont un impact que je ne vois pas souvent ailleurs. On dirait qu’il y a une cohérence dans tout ce qu’on fait. On est sur un bon filon."

Les 5 et 6 avril
À la Société des arts technologiques (305, rue Sainte-Catherine Ouest)