Gary Kurtz : Les grands esprits
Scène

Gary Kurtz : Les grands esprits

"Mais comment fait-il ça?" C’est la question qui agite probablement beaucoup d’esprits – dont plusieurs ont été percés à jour durant le show – au sortir d’un spectacle de Gary  Kurtz.

"Mais comment fait-il ça?" C’est la question qui agite probablement beaucoup d’esprits – dont plusieurs ont été percés à jour durant le show – au sortir d’un spectacle de Gary Kurtz. Se définissant comme "mentaliste", l’homme tient à la fois du télépathe, de l’illusionniste et de l’humoriste. Une curiosité.

L’énigmatique Gary Kurtz s’amuse lui-même à draper de mystère son personnage. "Je suis une énigme", annonce d’emblée cet anglophone bilingue. Son étonnant spectacle "paranormal", qui pourrait bien être unique en son genre, dévoile une succession de jeux télépathiques requérant activement la participation – et l’ébahissement – du public.

On le verra ainsi deviner le numéro de série d’un billet de banque ou les phrases choisies par des volontaires dans d’épais volumes; toucher "mentalement" une participante; décrire, les yeux hermétiquement bandés, les dessins gribouillés par des spectateurs; et même modifier, par sa seule pensée, l’heure indiquée par des montres! Mais le numéro le plus déroutant est probablement le plus dépouillé: quand il repère des gens dans la salle et découvre leur date de naissance, le numéro de téléphone de leur copine, ou la destination d’un voyage récent…

Y a-t-il un truc? Hé, ne me le demandez pas à moi: je suis critique, pas devin. Kurtz se plaît à provoquer régulièrement les sceptiques. De toute façon, l’essentiel est d’ailleurs: qu’il y ait ou non un double fond dans le chapeau dont le magicien extirpe le lapin, l’important est que le public soit mystifié. Et ici, il en reste baba.

La difficulté tient plutôt au don éminemment abstrait de M. Kurtz. Dans trop de cas, surtout en première partie, le résultat est perceptible essentiellement dans les sourires incrédules et les mines ébahies des participants (sauf dans cet inquiétant numéro, plus proche de l’illusionnisme, où Kurtz joue à une sorte de roulette russe avec des couteaux). Le metteur en scène François Flamand a beau avoir imaginé des tours de plus en plus élaborés, voire un peu tarabiscotés, pour mettre en valeur le "don" de Kurtz et l’enrober d’éclairages multicolores et d’effets dramatiques, reste que l’essentiel est souvent invisible pour les yeux, comme dirait Saint-Exupéry…

Et une fois la mâchoire décrochée devant ce rare talent (que ce soit celui de lire les pensées ou de nous mystifier), que reste-t-il? Une démonstration renversante certes, mais d’intérêt limité. Heureusement, il y a Gary Kurtz lui-même, magnétique et plutôt drôle, parlant plus vite que son ombre. Un spectacle en soi. Énergique, frénétique et un peu échevelé, le performer est animé d’un don intangible mais qui n’a rien de paranormal: la présence. Et ça, ce n’est pas une vue de l’esprit…

En supplémentaires les 17 et 18 mai
Au Théâtre Saint-Denis 2