Au Grand Théâtre : Critique: L'Officier de la garde
Scène

Au Grand Théâtre : Critique: L’Officier de la garde

Début XXe siècle, en Hongrie, Ilona (Marie-Thérèse Fortin) et Nandor (Alain Zouvi) forment un couple de comédiens célèbres. Après six mois de vie conjugale, la belle s’ennuie; lui, amoureux fou, craint de l’avoir perdue. Hanté par la jalousie, Nandor imagine de mettre à l’épreuve son épouse, en jouant le "plus grand rôle de sa vie": celui de son propre rival, un officier de la garde impériale.

Jusqu’au 11 mai
Au Grand Théâtre

Début XXe siècle, en Hongrie, Ilona (Marie-Thérèse Fortin) et Nandor (Alain Zouvi) forment un couple de comédiens célèbres. Après six mois de vie conjugale, la belle s’ennuie; lui, amoureux fou, craint de l’avoir perdue. Hanté par la jalousie, Nandor imagine de mettre à l’épreuve son épouse, en jouant le "plus grand rôle de sa vie": celui de son propre rival, un officier de la garde impériale. Si Ilona résiste, quelle joie pour le mari!; quelle défaite pour l’amant… Et inversement: se prenant à son propre jeu, Nandor souhaite presque ce bonheur à son rival…

De ces contradictions et des tourments de l’amour, de tout temps, comme le suggère habilement la mise en scène de Marie Gignac, Ferenc Molnár a créé une comédie charmante. Déguisement, feintes, doutes, révélations: la pièce, riche en rebondissements, jette un regard fin et amusé sur les êtres et les pièges de sentiments où se débattre mène, le plus souvent, à s’enferrer profondément. Le texte est plein d’humour: les personnages vifs manient habilement la réplique aiguisée, qui s’entend souvent à double-sens, étant donné le déguisement de Monsieur. On est loin, pourtant, des scènes convenues du théâtre de boulevard, le mari et l’amant, ici, n’en faisant qu’un, d’où l’originalité de la pièce.

Pour ces personnages, acteurs à la scène mais aussi dans la vie, scénographie rêvée (Michel Gauthier): scène sur la scène, de forme circulaire, entourée d’une rampe d’éclairage et de rideaux coulissants. Plateau tournant, présentant tour à tour deux décors et, trésor d’invention, anneau mobile qui l’entoure. Sorte de tapis roulant souvent en mouvement, cet anneau permet de modifier le décor de l’avant-scène, ou ménage les entrées et sorties de personnages, secondaires surtout. Voilà un dispositif étonnant, donnant lieu à quelques effets des plus drôles, auquel s’ajoutent quelques clichés théâtraux, tout à fait voulus, dans l’éclairage et l’interprétation.

Mise en scène exploitant avec imagination cette trame du théâtre dans le théâtre, subtilité du texte, distribution enjouée et excellente (complétée par Marie-France Duquette, Denise Gagnon, Patrick Ouellet, Réjean Vallée), pertinence des costumes (Marie-Chantale Vaillancourt) et du décor font de L’Officier de la garde un spectacle réussi sur la comédie des sentiments. Les interprètes, semble-t-il, s’amusent ferme; les spectateurs aussi.