Benoît Vermeulen : Auteurs, vos papiers!
Scène

Benoît Vermeulen : Auteurs, vos papiers!

C’était la journée idéale pour parler de la nouvelle édition des Zurbains. L’été en avril, avec sur les trottoirs une nuée de Montréalais dénudés, surexcités comme des ados en route vers un party.

C’était la journée idéale pour parler de la nouvelle édition des Zurbains. L’été en avril, avec sur les trottoirs une nuée de Montréalais dénudés, surexcités comme des ados en route vers un party. Je n’ai pas immédiatement reconnu Benoît Vermeulen, attablé au fond d’un café, l’air sérieux derrière ses lunettes. Mais une fois la conversation engagée, son sourire et les éclats de rire dont il ponctue ses phrases confirment qu’il s’agit d’un créateur allumé, franc, simple et curieux, comme le sont beaucoup d’artisans du théâtre jeune public. Pas étonnant que le sympathique codirecteur du Théâtre Le Clou soit le metteur en scène attitré des Zurbains, un spectacle exutoire pour adolescents qui revient, depuis six ans, secouer le public à l’approche de la saison du hamac…

Cette année, l’événement regroupe les textes de cinq étudiants (Jean-François Chagnon, Maxime Picard, Mathieu Berrouard, Louis-Philippe Lapicerella, Laurence Lamy) et de deux professionnels, Christian Bégin et Patric Saucier. La mécanique bien huilée des Zurbains demeure la même: des jeunes du secondaire de Montréal, de Québec et de leurs banlieues participent à un concours, à l’issu duquel une dizaine de finalistes sont sélectionnés pour chaque ville, puis invités à un week-end d’encadrement dramaturgique se terminant par le choix des contes qui seront portés à la scène. Les lauréats peuvent ensuite peaufiner leur texte avec le soutien d’auteurs professionnels. Et c’est le résultat de ce travail qui est présenté à la Salle Fred-Barry.

"Je crois que cette fois, les contes seront mieux liés, confie le metteur en scène. La scénographie est plus symbolique, avec un arbre sur scène, ce qui permet aux personnages d’entrer dans un même univers. Aussi, pour la première fois, nous avons une musique originale, conçue par Sylvain Scott." Si les grandes préoccupations des jeunes restent les mêmes (drogue et suicide), il remarque que les nouvelles technologies, le chat particulièrement, influencent leur écriture. Autre signe des temps: les ados s’inquiètent de la mondialisation.

Selon lui, les aventures des six antihéros qui se croiseront sous les branches se divisent en trois parties: d’abord les contes des adultes, plus introspectifs – "c’est la première fois qu’on a quelque chose d’aussi sensible sur le suicide" -, puis deux contes légers, et enfin les deux derniers, teintés de surréalisme. On aura droit, entre autres, à une obèse qui se gave de télé, au doigt abandonné d’un soldat qui dénonce la guerre et à deux élèves du secondaire "sur la brosse" un soir d’Halloween. Le tout conté par Isabelle Roy, Denis Trudel, Pierre Limoges, Martin Laroche, Céline Brassard et Benoît McGinnis.

Pour l’avenir, Benoît Vermeulen confie avoir de grandes ambitions: intégrer un nouveau pays chaque année, jusqu’à avoir six contes de six cultures différentes dans un même spectacle, qui pourra être présenté en tournée. Mais que ce "Zurbains World Tour" se concrétise ou non, l’important reste avant tout d’offrir une tribune aux voix de demain. Déjà, le concours pour l’édition 2003 est lancé, avec le comédien Pascal Auclair comme porte-parole. Les étudiants tentés par l’aventure sont invités à en parler à leur prof, qui pourra obtenir une "trousse du conteur" et accueillir en classe un auteur, qui leur refilera quelques secrets d’écriture. Pour en savoir plus et – qui sait! – contribuer à la découverte du prochain Michel Faubert, contactez le Théâtre Le Clou, au 596-1616.

30 avril au 17 mai
Salle Fred-Barry