Emmanuel Jouthe : Espace pudique
Emmanuel Jouthe présentera, en deux temps et en deux lieux différents ce printemps, deux nouvelles chorégraphies, qui sont l’aboutissement d’une intense mais ouverte réflexion sur le thème de la pudeur.
Emmanuel Jouthe
présentera, en deux temps et en deux lieux différents ce printemps, deux nouvelles chorégraphies, qui sont l’aboutissement d’une intense mais ouverte réflexion sur le thème de la pudeur. "Souvent, la pudeur est perçue comme de la pudibonderie, de la pruderie, de la gêne, ou de la maladresse… Moi, je la perçois comme la peur de la désapprobation des autres, et j’ai besoin que la pudeur redevienne quelque chose de beau", lance le créateur.
"La pudeur, c’est une manière de préserver son intimité, poursuit-il. Enfin, je suis toujours à la recherche de réponse… Tu vois, aujourd’hui par exemple, il fait beau et chaud, tout le monde sort dehors presque nu, mais, joli paradoxe, on se cache les yeux, et le regard, derrière des lunettes de soleil. Exhibition gratuite? Je ne veux pas porter de jugement, mais lancer des pistes. Est-ce qu’on ne dévoile pas tout, trop rapidement? Ça se rapporte au corps, à l’individu, mais aussi aux communications, aux médias. J’ai longtemps pensé que la pudeur, c’était d’avoir trop de morale, trop de principes, trop de réserve, et maintenant j’ai envie de suivre des pistes qui proposent autre chose."
Première étape du cheminement, la pièce M, un duo masculin, créée l’an dernier à Berlin dans le cadre d’une rencontre initiée par le chorégraphe allemand Félix Ruckert. La production montréalaise (à partir de ce soir à Tangente) sera dansée par David Pressault et le concepteur, Emmanuel Jouthe lui-même. "C’est la pudeur de deux hommes qui ont un contact physique. Pas sexuel. Je suis persuadé que dans notre société, à notre époque, il y a plein de barrières par rapport à ça. Juste en étant en situation de danse, moi-même, je me suis posé beaucoup de questions. Cette pièce dévoile une proximité, une complicité entre deux individus semblables mais qui n’ont pas d’intérêt sexuel, l’un pour l’autre. Il y a quand même une tension par rapport au toucher, mais elle n’est pas l’un par rapport à l’autre, mais en regard des autres…"
La seconde pièce, intitulée Chanel et les gémeaux, sera présentée à la fin du mois de mai, au Montréal Art Interculturel (MAI). Elle réunit les danseuses préférées de Jouthe, Ève Lalonde, Julie Beaulieu, Caroline Cotton et Claudia Péloquin, qui étaient de 3 Centauromachia 4 l’an dernier. Fait inusité, elles seront entourées d’un comédien-poète et d’un conférencier! "Ils seront là pour parler de la pudeur autrement qu’avec le corps et les images. J’avais envie d’essayer ça, la parole. C’est aussi pour souligner que la pudeur n’est pas reliée qu’au corps. C’est encore en chantier, le conférencier doit s’insérer au projet à la dernière minute, son propos sera probablement plus scientifique qu’artistique. Je vais faire appel à un connaisseur, mais sans lui imposer les résultats de mes propres recherches… Je ne veux rien imposer, mais bien partager!" Emmanuel Jouthe conclut: "C’est la première fois, avec ce projet double sur le thème de la pudeur, que je vais aussi loin sur le plan du traitement d’un sujet, du questionnement, de la réflexion. Pas seulement en ce qui a trait à la chorégraphie, mais en tant qu’individu… Je me suis donné la liberté de partir à la découverte, et de prendre position…"
Les 25, 26, 27 et 28 avril
À Tangente
Les 29, 30, 31 mai et 1er juin
Au Montréal Art Interculture (MAI)
Alexander Baervoets
Le Studio de l’Agora de la danse invite, à compter de ce soir et jusqu’à dimanche, le danseur chorégraphe flamand Alexander Baervoets. Rare visite, qui inaugure un projet d’échange entre l’Agora et le Kunstencentrum Vooruit (Belgique). Baervoets, qui souhaite "libérer la danse de la narration, l’imitation, la théâtralisation, la décoration et la signification", proposera deux pièces: Room 201, duo masculin et sans musique, et Das Wohltemperierte Klavier, une improvisation solo sur des préludes et fugues de Bach interprétés en direct.
Les 25, 26, 27 avril
À l’Agora de la danse