Journée internationale de la danse : Premiers pas
Scène

Journée internationale de la danse : Premiers pas

Dans la foulée des activités soulignant la Journée internationale de la danse, le 28 avril, trois spectacles d’importance seront présentés à Québec au cours de la prochaine semaine. Moment d’effervescence.

Au retour d’un stage de perfectionnement à Grenoble il y a deux ans, Karine Ledoyen s’est réimplantée à Québec avec la ferme intention de vivre en dansant. Laque est son premier spectacle à titre de chorégraphe professionnelle. Si elle attaque la scène en solo, elle a su bien s’entourer. "L’idée, c’était de partager ma passion avec des gens que j’aime, affirme-t-elle. Je pense qu’il y avait aussi un peu de peur parce que c’est mon premier show et que je suis toute seule."

En spectacle, la musique de Mathieu Doyon et Éric Morin est mixée et étoffée pour accentuer les mouvements. Le premier utilise des sonorités plus électroniques, tandis que le second fait beaucoup d’échantillonnage de bruits. "Je trouve qu’Éric a des sons plus charnels parce que ça vient de la nature. Ça vient adoucir ce que Mathieu fait."

Tout ce beau monde improvise: la danseuse, les deux musiciens ainsi que Vano Hotton, qui manipule un matériel vidéo aux couleurs psychédéliques que Karine a tourné à l’occasion d’une résidence de création à la Bande Vidéo. "Souvent, ma gestuelle va changer par rapport à l’image que je vois sur le plancher, explique-t-elle. Des fois, je vais aller complètement à l’encontre de ce qui se passe sur le sol, d’autres fois avec. Si, un soir, je sens que dans une section je peux aller plus loin, j’y vais. C’est comme si je le dansais toujours pour la première fois."

Laque tient décidément de l’aqueux. "Le début, je dirais que c’est très humide, révèle la danseuse en riant. Il n’y a pas de doute, on sent que c’est liquide. Ensuite, l’eau prend une forme différente. C’est très coloré, en même temps très épuré." L’atmosphère de la pièce évolue vers la légèreté. Si le propos est moins humoristique que ce que la danseuse a déjà proposé dans le cadre des Présentations informelles, la gestuelle est facilement reconnaissable avec ses mouvements énergiques lancés comme des flèches.

En amorçant Laque l’été dernier, Karine comptait développer un univers autobiographique, mais les choses ont évolué autrement. "Finalement, c’est théâtral, dans le sens où il y a vraiment des personnages clairs qui se sont installés. Chaque femme raconte une histoire. Je peux vraiment associer chaque femme à une personne que je connais. Mais je pense que cette pièce-là me reflète bien dans le sens où je suis en train de naître dans le milieu et qu’il y a une naissance au début du spectacle."

"Il ne faut pas essayer d’intellectualiser, dit-elle cependant. Juste se laisser embarquer." Les gens qui ont vu la pièce chez Tangente à Montréal plus tôt ce mois-ci ont clairement perçu la thématique de la féminité. Par contre, à la grande surprise de toute l’équipe de Laque, ils en ont amplifié la portée érotique "Ce n’est pas ça, l’image que je veux donner, alors je vais faire des ajustements pour Québec." Quoi qu’il en soit, on l’a déjà réinvitée à présenter son travail dans la métropole.

Si les projets de Karine Ledoyen fonctionnent à merveille, c’est au prix d’un rythme de vie effréné. Elle enseigne à l’École de danse de Québec, dont elle est elle-même sortie il n’y a que trois ans. En plus de créer des pièces pour des interprètes amateurs, elle fait de la performance. L’automne dernier, on a aussi pu la voir au théâtre dans La Pêche et autres fruits érotiques. Sitôt sortie des représentations de son solo, elle entreprend les répétitions de F.U.L.L., la prochaine création d’Harold Rhéaume, qui est son conseiller artistique pour Laque. "De plus en plus, je m’aperçois que c’est beaucoup de travail. En même temps, je gère bien cette vie-là. J’essaie de rester positive. Le jour où je vais être malheureuse là-dedans, j’arrête tout ça parce que tu ne peux pas faire ce métier-là enragée."

Du 1er au 4 mai

À La Rotonde
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