Lina Moros : Avec le temps
Sensuel, passionné, envoûtant: ce ne sont pas des clichés, ça fait partie du flamenco, et c’est une réalité qu’assume pleinement LINA MOROS et les membres de la troupe Ballet Flamenco Arte de España.
Lina Moros
est née à Toronto. C’est en étudiant la littérature hispanique à l’Université York qu’elle a découvert, et farouchement choisi, le flamenco. Elle a, depuis, fait de nombreux voyages en Espagne, étudié avec les grands maîtres, développé son expertise, et… déménagé à Montréal, où elle a fondé, il y a une douzaine d’années, le Ballet Flamenco Arte de España. "Je me tiens au courant de ce qui se fait en Espagne, mais je vis ici. J’intègre donc plusieurs influences, je crois que ma vision du flamenco est particulière. Je ne tiens pas du tout à copier ce qui se fait en Espagne! Au contraire, Montréal est reconnue comme un centre de danse assez avant-gardiste, autonome et créatif, je tiens à rester dans ce courant-là", explique la danseuse-chorégraphe.
Parmi les éléments qui distinguent le Ballet Flamenco Arte de España, mentionnons la rupture avec le modèle conventionnel qui consiste à miser sur un danseur étoile, pour plutôt privilégier l’union des individualités et la mise en valeur des différents styles et personnalités. Autre élément digne d’intérêt: les spectacles du Ballet Flamenco Arte de España partent d’un thème, ou s’inspirent souvent de la littérature ou d’oeuvres d’art. Demencia racontait la folie de Don Quichotte; Le Cri puisait dans l’oeuvre de Munch; Zorongo était un pas de deux inspiré par un poème de Federico García Lorca…
Pour le nouveau spectacle, intitulé Recuerdos Flamencos (souvenirs flamencos), les trois chorégraphes de la troupe ont choisi de créer à partir d’une préoccupation commune: le passage du temps. "Ce qui nous a inspirés, explique Moros, c’est la notion du vieillissement… C’est un questionnement que nous vivons dans la compagnie depuis que nous sommes dans la quarantaine… Dans notre vie personnelle, dans notre vie d’artistes, nous vivons cette réalité d’un genre de confrontation entre la fougue de la jeunesse et les bienfaits de l’expérience. Vous savez, on peut pratiquer le flamenco jusqu’à un âge avancé, car c’est un art qui s’enrichit vraiment de la maturité de ses créateurs et interprètes; mais, par contre, il a aussi besoin de la fraîcheur et de l’énergie de la jeunesse. Alors, histoire de mettre en relief cette notion d’étapes de la vie, on a invité pour ce spectacle deux jeunes danseurs, Julie Fontaine et José-Luis Perez. Il ne s’agit pas de les confronter, mais bien de juxtaposer le dynamisme de la jeunesse et les nuances qu’amène la maturité."
L’intérêt des Montréalais pour le flamenco est bien vivant. La troupe espagnole Noche Flamenca a rempli ses salles, et nous avons tous dans notre entourage
quelqu’un qui a osé se lancer dans l’aventure de l’apprentissage du flamenco. Un phénomène? Une mode? "Moi ça me plaît beaucoup, j’adore ça!" réplique Lina Moros, qui aurait pu être agacée par la question… "Je crois en l’importance du flamenco comme art complet, et j’aime qu’il y ait cette fascination. Ça élargit le public, c’est sûr, mais surtout, ça le rend meilleur, plus exigeant et plus en mesure d’apprécier. C’est en tout cas ce qu’on remarque depuis six ou sept ans", ajoute la chorégraphe, satisfaite.
Les 2 et 3 mai
Au Gesù