Carole Courtois : Les copains d'abord
Scène

Carole Courtois : Les copains d’abord

En 20 ans de métier, Carole Courtois a dansé pour les plus prestigieuses compagnies de danse actuelle, dont Jo Lechay, La La La Human Steps et O’Vertigo…

Sans connaître son nom, vous avez certainement déjà remarqué son corps agile et musclé. En 20 ans de métier, Carole Courtois a dansé pour les plus prestigieuses compagnies de danse actuelle, dont Jo Lechay, La La La Human Steps et O’Vertigo, tout en passant de plus en plus de temps en coulisses, à concevoir des costumes. Récemment, l’interprète de 41 ans s’est fait suggérer par des amis de demander pour sa fête… de nouveaux seins!

Cette drôle d’idée a servi de déclencheur au Projet Courtois, 15e formule Interprètes de la compagnie Danse-Cité, un événement qui permet à un danseur de prendre le contrôle d’un projet artistique. Et le cadeau, c’est finalement elle qui l’offre avec Vacuum, une création qui dénonce les transformations imposées au corps humain. Elle étrennera pour l’occasion une poitrine toute neuve, taillée dans un morceau de latex…

"Pouvoir choisir avec qui tu veux travailler et sur quoi, c’est un méchant beau cadeau. C’est une marque de reconnaissance importante", lance Carole Courtois, arrivée en coup de vent dans le bar du Mile-End choisi pour l’entrevue. En quelques secondes, elle met la main sur une bière, termine sa cigarette et entreprend de résumer son projet. Vacuum, c’est un croisement entre les arts de la rue et ceux de la scène, entre l’art clownesque et l’art chorégraphique. Un show de danse-théâtre réunissant une bande de copains qui rêvaient de travailler ensemble, dont la chorégraphe Johanne Madore (Carbone 14, Robert Lepage) et les interprètes Peter James, un touche-à-tout maître de piste pour le Cirque Éloize, et Lucas Jolly, comédien spécialisé dans le théâtre de rue, qui fera ses premiers pas de danse sous nos yeux. C’est lui, confie-t-elle, qui lui a redonné le goût de la scène en la recrutant pour un spectacle en plein air, l’été dernier, au Festival des Arts de la rue de Shawinigan.

Hétéroclite, l’équipe a opté pour un lieu à son image, la Sala Rossa du Centre social espagnol. Un espace décrépit, crado, selon Courtois, dont la scène est si petite que les trois interprètes ont décidé de jouer sur des plates-formes, au bar, contre les murs et dans les coins. Là où les spectateurs les attendent le moins. "Nous sommes des clones, qui vivent sur les lieux et se prennent pour des êtres humains normaux", explique la conceptrice du projet, ajoutant d’un ton espiègle qu’elle et Peter James se ressembleront comme des jumeaux, une fois crânes et sourcils rasés. Au programme de ce cabaret grotesque: lipsync, solos, danse sur cothurnes, perruques et masques, dont un de lutteur, déniché dans un bazar au Mexique. La scénographie est de Gaëtan Desombres, la bande sonore, d’Éric Forget et les éclairages, de Robert Gauthier.

"C’est un show low-tech, sans projections, préparé en peu de temps." Même si le spectacle est le résultat d’une réflexion sur la peur du vieillissement, le clonage et cette surabondance d’information qui lui donne le vertige, Carole Courtois n’insiste pas sur le message. "Je veux simplement faire voyager les gens."

Parions qu’elle réussira à les amener au bord du trou noir qui menace sans cesse de les aspirer, pour leur permettre de s’éloigner ensuite, heureux d’être en vie. Et probablement aussi convaincus qu’à 40 ans, les femmes sont toujours belles…

Du 15 au 25 mai
Au Centre social espagnol, Sala Rossa