Moment'homme: danses gaies : Parlez-moi des hommes…
Scène

Moment’homme: danses gaies : Parlez-moi des hommes…

L’espace Tangente a créé une série particulière: Moment’homme. Le but? Faire connaître la danse du point de vue masculin et gai. La danse, lieu de débat  social?

Deena Davida

, directrice artistique de Tangente, se souvient qu’au début des années 80, le grand débat, dans le milieu des arts contemporains, tournait autour du peu de place qu’on y réservait aux femmes. Surtout en arts visuels. Un peu par esprit de contradiction, surtout pour nourrir la réflexion, Deena Davida décide à cette époque (bien avant les succès d’Édouard Lock, Pierre-Paul Savoie ou Jean-Pierre Perreault) de créer chez Tangente une série exclusivement destinée aux chorégraphes masculins, série baptisée Moment’homme. "J’ai voulu inverser un peu le débat, et concevoir une vitrine pour ces créateurs, dit-elle. L’idée, ce n’était pas un sujet, une forme, un discours masculin, mais que ça soit fait par des hommes… Ça a duré trois ans, et puis on a senti que ça pouvait devenir redondant."

Une dizaine d’années plus tard, pourtant, Deena Davida décide de reprendre le concept, mais de le pousser plus loin en osant une thématique plus pointue; la série est toujours réservée aux hommes, mais plus précisément aux chorégraphes gais, d’où l’ajout danses gaies. "Homosexuelles ou pas, les femmes continuent de dominer le monde de la danse, et je pense que les chorégraphes masculins, 20 ans plus tard, ont encore besoin de visibilité, d’une vitrine juste pour eux. Depuis maintenant cinq ans, nous invitons des chorégraphes gais, qui proposent une réflexion sur ce qu’on peut appeler une esthétique gaie…"

Et ça se décrit comment une esthétique gaie? Rire franc de Deena Davida: "Comme femme je me sens un peu mal à l’aise de me prononcer, mais pour en avoir vu beaucoup, de chorégraphies gaies, je dirais, sérieusement, que ça se passe à différents niveaux. Ça se retrouve dans les sujets, la sensibilité, la façon de traiter le corps, de se mouvoir… Ça varie d’un créateur à l’autre."

Moment’homme: danses gaies est une série qui se veut internationale, puisqu’on y invite de jeunes chorégraphes d’ici et d’ailleurs. Pour représenter Montréal, cette année, on a choisi Stéphane Deligny, lequel créera La Nostalgie des chiens battus, une pièce pour deux danseurs et une danseuse, que n’a pas vue encore la directrice artistique de Tangente. "Je suis sûre qu’il nous surprendra! Je ne connais que sa toute première pièce, et c’est quelqu’un qui a un potentiel évident! Il fait beaucoup de recherches, il est capable de variations incroyables!"

De France, Pedro Pauwels proposera L’Étal, un duo d"hommes découvert lors des Bancs d’essai internationaux, il y a quelques années. Deux hommes au sol, dans l’obscurité, que le public observe et suit, avec des lampes de poche… Enfin, et peut-être la partie la plus spectaculaire de la soirée, on pourra voir, pour la première fois à Montréal, Alvin E. Tolentino, Canadien de la Côte-Ouest, qui nous offrira Swan Diva. "C’est un univers très étrange et très drôle! Il y a une partie cabaret, très kitsch, qui se mêle à une métaphore, sérieuse cette fois, sur Icare, avec ses grandes ailes de métal. Il est question de liberté, d’envol, et on glisse d’un genre à l’autre avec humour. Alvin est un chorégraphe très intéressant, bien connu maintenant à Vancouver." La table est mise…

16, 17, 18 et 19 mai
À Tangente