José Navas : Morceaux choisis
Sans être une rétrospective, le programme de cinq pièces concocté par JOSÉ NAVAS donnera une vue d’ensemble de l’aspect soliste de l’oeuvre du chorégraphe. Un genre de bilan d’un artiste à l’aube de la quarantaine.
C’est la saison des grands tournants pour le danseur-chorégraphe José Navas qui, après avoir signé sa toute première mise en scène de théâtre (Les Fleuves profonds au Quat’Sous), s’apprête à danser, pour d’ultimes représentations, une série de solos choisis dans son vaste répertoire. "Il s’agit de pièces que j’ai déjà beaucoup, beaucoup dansées, principalement en tournée, en Europe, et que je pense ne plus faire après, explique le chorégraphe, posément. J’ai maintenant 37 ans… Et je tiens à boucler la boucle à Montréal, parce que c’est ici que j’ai commencé comme soliste."
C’est donc avec le public montréalais que José Navas fera ces "espèces d’adieux". "Je me sens beaucoup trop jeune pour songer à une vraie rétrospective, poursuit Navas, mais en même temps, à l’approche de la quarantaine, je n’ai plus exactement la même énergie. Je suis convaincu de pouvoir danser jusqu’à 50-55 ans, mais la vie de tournée commence à me peser, ce qui n’était pas le cas il y a une dizaine d’années… Là, ce dont j’ai envie, c’est de travailler ici encore plus et, pourquoi pas, d’avoir mon lieu…"
Composer le programme d’un spectacle qui, sans s’appeler rétrospective, souhaite donner une vue d’ensemble de l’aspect soliste de l’oeuvre de José Navas fut, pour le principal intéressé, une formidable occasion de faire le point, d’oser la nostalgie, et de réfléchir à l’avenir avec enthousiasme "J’ai dû me pencher sur tout mon travail, ce qui m’a amené
à faire le tri dans ce que j’appelle le répertoire ancien et le répertoire actuel. J’ai eu, soudainement, une vision très claire de ma propre évolution et, évidemment, cela m’amène à un tournant. Ce qui m’intéresse maintenant, c’est de travailler avec des danseurs. Je veux me concentrer sur le travail de groupe. Il y aura d’autres solos, mais ce ne sera plus l’activité principale de la compagnie."
Le rendez-vous que propose Navas n’en est que plus rare et précieux. S’il avoue qu’il a volontairement écarté certaines pièces parce qu’il ne se sentait pas prêt, émotivement, à les interpréter à nouveau, José Navas considère qu’il a tout de même fixé son choix sur trois chorégraphies charnières, cruciales dans sa démarche. "Post Data, créée en 1994, est un hommage à Martha Graham, et c’est la pièce qui m’a fait connaître en Europe. C’est avec cette chorégraphie que j’ai commencé à me voir non plus comme un danseur mais comme un soliste et un chorégraphe, elle a changé l’orientation de tout mon travail. Sterile Fields, qui date de 1996, est une pièce pour mon ancien partenaire, conçue durant les derniers mois de sa vie. C’est très symbolique pour moi et très personnel. Quant à Celestiales, c’est la plus ancienne de toutes, mais elle termine la soirée. Je trouve que c’est mon solo le plus clair sur le plan des émotions, de l’écriture." Ajoutons au menu de la soirée Côté coeur, côté jardin, un solo pour Annik Hamel (qu’elle viendra danser, bien sûr), ainsi qu’un essai chorégraphique (en duo avec Jamie Wright) extrait de la prochaine oeuvre de groupe de Navas. L’avenir n’est jamais loin…
Du 4 au 8 juin
À l’Agora de la danse