Ohad Naharin : Retour aux sources
Ohad Naharin est un chorégraphe israélien que plusieurs considèrent comme une figure dominante du ballet contemporain.
Ohad Naharin
est un chorégraphe israélien que plusieurs considèrent comme une figure dominante du ballet contemporain. Après avoir dansé et étudié à New York (avec Martha Graham et à la Juilliard School), après un court passage chez Béjart, le danseur décide de suivre ses instincts de chorégraphe. Audace récompensée, puisque des compagnies aussi
prestigieuses que le Nederland Dans Theater, le Ballet de Lyon ou la Sydney Dance Company lui commandent des oeuvres. Début des années 80, il fonde sa propre troupe. L’aventure dure six ans, jusqu’à ce que la compagnie Batsheva, de Jérusalem, lui offre le poste de directeur artistique. Retour aux sources pour Naharin, qui a fait ses tout
premiers pas de danseur avec la Batsheva. C’est à ce créateur que l’on dit surprenant, imaginatif et imprévisible que Les Grands Ballets Canadiens ont choisi de rendre hommage dans un nouveau spectacle baptisé Minus 1- à la manière de Naharin. Le programme de la soirée, divisé en huit segments, comporte de larges extraits des oeuvres majeures de Naharin, ainsi que des surprises de dernière minute, ce dont raffole le chorégraphe.
On dit de Naharin qu’il rompt avec la tradition, qu’il prend plaisir à faire des pieds de nez aux conventions, qu’il pousse même l’exercice jusqu’à se montrer drôle. De passage à Montréal pour finaliser le spectacle quelques jours avant la première, Naharin nuance: "Pour moi, la tradition, ça représente le passé; et le passé, c’est très important, car nous devons tous apprendre de ce qui s’est fait auparavant. Je respecte ça! J’aime utiliser les conventions, c’est même mon matériel de base; mais ce qui importe pour moi, c’est la création. La richesse, l’audace qu’on attribue à mon travail résident à mon avis dans la structure. C’est à ce niveau que j’évolue et que, peut-être, j’apporte quelque chose de neuf."
Les Grands Ballets Canadiens ont déjà monté deux chorégraphies d’Ohad Naharin (Axioma 7 et Perpetuum) il y a six ans, mais son retour à titre d’artiste à qui l’on souhaite rendre hommage, on le doit à Gradimir Pankov qui, bien avant de prendre les rênes des GBC, comptait parmi les premiers à reconnaître le talent de Naharin. Pour le chorégraphe, revenir, même sous forme d’hommage, aux oeuvres du passé est un exercice toujours instructif. "J’aime reconstruire mes chorégraphies, les revoir, les regarder d’un autre angle, des années après. J’ajoute mon vécu, mes expériences. C’est toujours une chance, presque un privilège, de pouvoir ainsi avancer."
En retournant diriger la compagnie Batsheva, Ohad Naharin est aussi rentré au pays, Israël. Impensable de ne pas lui poser la question: que signifie être un artiste, aujourd’hui, en Israël? "Difficile d’être une personne, point", réplique le chorégraphe. La vie culturelle a-t-elle ralenti? A-t-on le coeur à aller voir des spectacles? "On peut parler de ralentissement, mais nous venons quand même de terminer une série de spectacles à guichets fermés. Ce n’est pas ça qui est difficile au fond, on peut plonger dans le travail. Ce qui est difficile, c’est d’être confronté à une réalité aussi absurde, c’est d’en être témoin et de se sentir impuissant."
Du 30 mai au 7 juin
Au Théâtre Maisonneuve