Sylvain Marcel : Les règles du jeu
Scène

Sylvain Marcel : Les règles du jeu

Le truand incroyablement teigneux, au sourire sadique, du film La Loi du cochon, c’est lui.

Le truand incroyablement teigneux, au sourire sadique, du film La Loi du cochon, c’est lui. Avant la reconnaissance apportée par ce rôle principal, la route a été plutôt longue pour Sylvain Marcel, un comédien autodidacte. Pendant 10 ans, le cofondateur du Théâtre Harpagon a travaillé comme préposé aux bénéficiaires dans un hôpital le jour, et joué au théâtre le soir. Il s’est accroché. Tenace, le monsieur. "J’ai une tête de cochon", admet-il. C’est le cas de le dire…

Sa patience commence à porter fruit. Après le film d’Éric Canuel, propositions et auditions ont afflué suffisamment pour que Sylvain Marcel doive faire un choix dans son harassant double emploi. Un choix facile à faire: bye-bye boss, bonjour insécurité. "Et c’est le fun parce que je fais vraiment ce qui me tente. Je me suis souvent fait taper sur les doigts parce que je refusais des offres. Mais je pense qu’il faut s’écouter." Le comédien s’est même payé le luxe de refuser un premier rôle dans une continuité à la télé, parce que le personnage ne l’intéressait pas.

Acteur de compositions, Sylvain Marcel n’aime rien tant que se transformer d’un rôle à l’autre. Il a joué des "bébites" en tous genres dans moult publicités, a trouvé chaussure à son pied en incarnant un fétichiste des souliers dans Fortier. "J’aime quand c’est tordu. Je n’aime pas les petits personnages ordinaires. Ça me plaît de jouer des rôles qui ne me ressemblent pas."

On lui a justement bricolé une nouvelle tête dans la pièce Game Show, présentée au Théâtre de Rougemont, où il campe une sorte de Pierre Lalonde clownesque… "Tu veux que je joue ça?" s’est-il étonné au metteur en scène, le comédien Frédéric Desager.

Créée à New York en 2000, cette comédie écrite par Jeffrey Finn et Bob Walton, des familiers de Broadway, est une pièce d’été pas tout à fait comme les autres. Dans un décor "d’un kitsch consommé, évoquant Les Tannants des années 70", Game Show marie le déroulement d’un jeu-questionnaire télévisé, où les concurrents sont recrutés dans le public (la star d’un soir repartira avec un lecteur DVD), à une satire du monde télévisuel. Pendant les pauses publicitaires, on assiste à un jeu autrement cupide: les luttes de pouvoir entre la magouilleuse productrice (Julie Vincent), l’animateur de foule ambitieux (Daniel Thomas), l’assistant groupie (Éric Cabana)…

Une caricature d’un monde très hiérarchisé qui ressemble parfois vraiment à ça. "C’est requin. C’est un milieu où il y a beaucoup de pigistes, alors chacun s’inquiète de sa job et veut tirer la couverture de son bord. C’est un peu ce qui se passe dans la pièce. Mon personnage d’animateur-vedette est tellement imbu de lui-même qu’il ne voit rien de ce qui se passe! Ici, le star-système est moins important. Mais j’ai connu une couple de personnes comme ça…"

La part improvisée du spectacle n’a rien d’un jeu d’enfant. Sylvain Marcel doit suivre un canevas très précis, respecter les contraintes de temps d’une émission filmée en direct (et diffusée en circuit fermé), et mener le jeu avec l’aisance du vieux pro qu’est son personnage. Pour se préparer à l’imprévisible, il répète l’improvisation! De faux concurrents s’ingénient ainsi à jouer les fauteurs de trouble, ou à donner des réponses stupides aux questions faciles. "Il faut faire rire le public, sans jamais diminuer le concurrent; la ligne est très mince. Et c’est sûr qu’un soir, un participant va décider de voler le show… Il faut que je contrôle ça. C’est pas évident. Je suis un peu nerveux…"

Mais Sylvain Marcel a déjà prouvé que les difficultés ne l’effrayaient pas.

Au Théâtre de Rougemont
Jusqu’en septembre