Violette Chauveau : La mystérieuse mademoiselle C.
Elle n’est pas tuable, la célèbre Anglaise. Ses oeuvres, à tout le moins, refusent le sort fatal qu’Agatha Christie a réservé à tant de ses personnages.
Elle n’est pas tuable, la célèbre Anglaise. Ses oeuvres, à tout le moins, refusent le sort fatal qu’Agatha Christie a réservé à tant de ses personnages. Adaptation théâtrale d’une dramatique radiophonique écrite à la demande de la reine Mary, The Mousetrap roule sans discontinuer à Londres depuis 50 ans. Un record de longévité scénique pour une pièce qui a jusqu’ici attrapé 10 millions de spectateurs.
La visite au St. Martin’s Theatre (qui a pris la relève de l’Ambassadors Theatre en 1974) fait partie de l’itinéraire du touriste moyen, au même titre que Buckingham Palace. Mais plus besoin d’aller à Londres pour voir la célébrissime pièce, Zone 3 et le Théâtre du Rideau Vert montant La Trappe à l’occasion de son jubilé. Mais peut-être pas pour aussi longtemps…
Comment expliquer cette longévité? "C’est une énigme! s’exclame en rigolant la comédienne Violette Chauveau. Moi, ce qui m’a séduite, c’est d’abord de jouer dans un suspense. Ça va être une espèce de jeu avec le public, pour deviner l’identité du meurtrier. Tous les comédiens tentent de rendre leur personnage le plus intrigant possible, afin d’attirer les soupçons sur lui. Des personnages tous étranges… Ce qui m’a fascinée aussi, c’est la critique sociale de la bourgeoisie anglaise. On sent en outre un clin d’oeil lancé à la psychanalyse. Si j’en juge par certaines répliques, je ne pense pas qu’Agatha Christie ait été très freudienne…"
Si la production londonienne, véritable tourists’ trap, est, paraît-il, parfaitement traditionnelle (certains accessoires sont en place depuis un demi-siècle!), on nous promet tout autre chose dans l’adaptation de René-Daniel Dubois que mettra en scène… Jean Asselin. Le spécialiste du mime rencontre la reine du whodunit?
"Cette étrangeté, où ressort le côté ambigu des personnages, ça colle bien à Jean Asselin, estime la comédienne. Et comme les personnages sont très bien esquissés dans l’écriture, ils peuvent l’être au niveau des corps aussi. Jean a enlevé tout l’aspect poussiéreux de la pièce. À l’inverse de ce qu’on a l’habitude de voir au théâtre, il part des corps, et avec les contraintes qu’il place dans l’espace, une sorte de trame psychologique se dessine entre les personnages. De plus, la projection de diapositives va dévoiler leur inconscient, révéler parfois ce qu’ils pensent ou s’imaginent."
Quant à l’intrigue de La Trappe… mystère. Disons qu’il s’agit d’un huis clos dans un vieux manoir isolé par une tempête de neige, où un détective de Scotland Yard cherche un assassin parmi les occupants. "C’est super bien ficelé." Aux côtés de Carl Béchard, Jean-Louis Roux, Lénie Scoffié, Paul Ahmarani et de familiers d’Omnibus, Violette Chauveau incarne une jeune aubergiste, au premier abord très naïve. "Mais j’essaie toujours d’amener un côté un peu inusité ou inattendu à mes personnages, d’aller contre l’évidence", précise-t-elle.
Ça lui réussit manifestement. Cette comédienne dont la carrière avait débuté lentement enfile ici son quatrième rôle au théâtre cette saison. Ces dernières années, celle qui jouera Albertine dans la prochaine création de Michel Tremblay a offert de mémorables, et souvent hilarantes, compositions, avec une fraîcheur et une fantaisie bien à elle.
"C’est drôle, parce que lorsque j’étais au Conservatoire, je me considérais comme une comédienne dramatique. Jeune, on est intense; alors, je voulais faire tout ce qui était noir, grave. Et tout ce qui était léger, drôle, je trouvais ça superficiel, ça ne m’intéressait pas. Tranquillement, je me suis rendu compte que c’était agréable de jouer ce genre de personnage. Et j’ai découvert en cours de route que j’avais des cordes comiques."
Le parcours d’un comédien, aussi, relève de l’énigme…
Dès le 4 juin
Au Théâtre du Rideau Vert