José Navas : De tendresse et de raffinement
Scène

José Navas : De tendresse et de raffinement

Le danseur-chorégraphe José Navas a décidé de se consacrer maintenant aux oeuvres de groupe. Pour boucler la boucle d’un cycle de création, il nous propose de revoir pour une ultime fois quelques-uns de ses meilleurs solos.

La soirée José Navas à l’Agora de la danse est une rare occasion d’avoir une vision d’ensemble de cette production précise, sans prétendre au titre de rétrospective. Elle comporte cinq chorégraphies, qui toutes mettent en lumière les indéniables talents de Navas. Le danseur d’abord, fabuleusement gracieux; le chorégraphe, ensuite, étonnant de mélancolie et d’humour.

Dans Celestiales (1992), Navas, en jupette bleue, se moque avec une ironie affectueuse de la préciosité d’une certaine gestuelle vaguement dépassée… Dans Sterile fields (1996), tout de voile blanc vêtu, il gesticule désespérément, s’emporte, se démène, puis se recueille dans la douleur d’avoir perdu un être cher… Dans Côté coeur côté jardin (1999), dansée cette fois par Annik Hamel, pour qui il a conçu la chorégraphie, on assiste à l’angoisse éperdue d’une femme seule sur scène, terrifiée, traquée, qui pour tenir le coup s’amuse à décrire, en improvisant à une vitesse folle, ce qu’elle voit dans la salle. Ce solo est franchement irrésistible, et l’interprète, très allumée.

C’est à ce mélange de contrastes que nous convie Navas, dont l’originalité, on le sait, réside dans la fluidité, la grâce, la délicatesse et l’esprit. Si l’extrait d’une pièce à venir s’est avéré un peu moins convaincant (un duo avec Jamie Wright), l’ensemble du spectacle a résolument plu au public qui a longuement et chaleureusement applaudi. Les musiques choisies par Navas, celles composées par Laurent Maslé, les costumes élégants et parfois audacieux qu’il ose, le soin qu’il apporte par l’entremise de ses collaborateurs, y compris ceux qui sont aux éclairages, à l’ensemble de la production, font de ce spectacle Adieux et retrouvailles (Navas a choisi de danser ici ses solos pour la dernière fois) un petit événement d’une grande richesse.

Mentionnons qu’après l’entracte, pour clôturer la soirée, on projette Lodela, film de Philippe Baylaucq dans lequel dansent Navas et Chi Long, originale allégorie qui célèbre la beauté du corps et du mouvement. José Navas s’apprête à prendre un autre élan, à poursuivre ce qu’il a entamé avec Perfume de Gardenias et One Night Only 3/3, c’est-à-dire penser et concevoir pour plusieurs, s’effacer peut-être comme danseur pour laisser le champ libre au chorégraphe, au chef de troupe, ce que nous suivrons avec grande attention. Pour le moment, suspendus entre la fébrilité de ce qui se prépare et une certaine nostalgie de ce qui ne sera plus, il nous faut savourer, revoir ou découvrir ces créations de José Navas, pour ce qu’elles portent de tendresse et de raffinement.

Les 13 et 14 juin
Au Studio de l’Agora de la danse