Christian Thomas : L'homme-orchestre
Scène

Christian Thomas : L’homme-orchestre

Dans le coin de son salon aménagé en studio, Christian Thomas offre un mini-concert impromptu à la journaliste privilégiée. Le responsable des arrangements et de l’orchestration d’Irma la douce entonne avec enthousiasme une java et quelques entraînantes chansons tirées de la comédie musicale parigote. Petit avant-goût prometteur de ce que le public pourra entendre au Théâtre du Nouveau Monde (TNM), dès le 2 juillet…

Dans le coin de son salon aménagé en studio, Christian Thomas offre un mini-concert impromptu à la journaliste privilégiée. Le responsable des arrangements et de l’orchestration d’Irma la douce entonne avec enthousiasme une java et quelques entraînantes chansons tirées de la comédie musicale parigote. Petit avant-goût prometteur de ce que le public pourra entendre au Théâtre du Nouveau Monde (TNM), dès le 2 juillet…

Compositeur, chanteur, directeur musical, arrangeur, Christian Thomas est un véritable homme-orchestre. Depuis le milieu des années 80, à titre de compositeur de scène, il a posé sa griffe sur une soixantaine de productions théâtrales, dont Les Feluettes, Le Bourgeois gentilhomme, Les Deux Jumeaux vénitiens, Le Barbier de Séville, La Répétition, où il incarnait aussi un pianiste sur scène… "Ça m’intéressait de m’exprimer à travers les textes, aussi. La musique peut être un personnage au théâtre."

Avec une quinzaine de chansons plus des musiques de transition, Irma la douce permet au sympathique créateur de conjuguer son amour du théâtre et son envie de travailler avec la voix humaine. "C’était un projet rêvé pour moi, résume-t-il. Je trouve que c’est vraiment une chance suprême de pouvoir tout mélanger ça."

Libretto d’Alexandre Breffort (ancien chroniqueur au Canard enchaîné) mis en musique en 1956 par Marguerite Monnot, compositrice fétiche d’Edith Piaf (les immortelles L’Hymne à l’amour, Milord, etc.), Irma la douce a connu une belle carrière: jouée 1000 fois à Paris, la comédie musicale française a été présentée sur diverses scènes européennes, et à New York. Cette histoire d’amour si typiquement parisienne a par la suite été portée à l’écran, en 1963, par Billy Wilder, avec Shirley McLaine et le regretté Jack Lemmon.

Interprétée ici par Karine Vanasse et Serge Postigo, cette romance entre la prostituée au grand coeur et son mac Nestor, si jaloux qu’il ne peut supporter que sa belle rousse ait d’autres clients qu’un double de lui-même, propose une image d’Épinal du Pigalle de l’après-guerre, coloré du monde de bistros, de petits souteneurs et de filles de joie.

"Ce texte me suggérait des climats, des images très fortes. Ça m’emballait. J’ai vécu cinq ans de ma vie en Europe, et je me retrouvais énormément là-dedans. La première fois que je suis allé à Paris, j’avais l’impression que le temps s’était arrêté dans certains quartiers. C’est un peu cette sensation que j’avais le sentiment de retrouver avec Irma. Dans ce sens-là, c’est un projet qui me convient parfaitement", explique cet amoureux de la Ville lumière.

"Je trouvais extraordinaire ce que ça pouvait réveiller comme imaginaire, pour un musicien. Bien que je n’y fasse que des orchestrations et des arrangements, il y a quand même une part de création très importante. On veut respecter le style original, mais aussi y laisser sa signature. Il me semble que j’ai trouvé ma place dans l’enrobage."

Christian Thomas est parti de trois versions "complètement différentes" de l’oeuvre – la création, avec Colette Renard dans le rôle-titre, la production de Broadway, et celle montée par Jérôme Savary à Chaillot, il y a deux ans – pour accoucher de la sienne, "mélange de modernisme et d’un petit côté rétro".

Un "exceptionnel" accordéoniste russe, Vladimir Sigerov, soutiendra ainsi tous les duos et solos du petit couple. Thomas vante les talents de la distribution, qui comprend aussi Martin Larocque, Ghyslain Tremblay et six autres interprètes.

Le musicien travaille de concert avec la vision de Denise Filiatrault, qui signe ici sa 12e mise en scène pour le Théâtre Juste pour rire. "Elle a la même exigence par rapport à la musique qu’à tout le reste. C’est une femme très méticuleuse quant à la vérité des personnages. Elle a vraiment l’art d’aller chercher la vérité de l’humour dans le texte, qu’elle a si bien mis en relief qu’on s’amuse. C’est merveilleux."

Christian Thomas est d’autant plus heureux de travailler à ce théâtre en musique qu’il y voit une espèce d’étape préliminaire pour l’opéra dont il a amorcé l’écriture il y a 10 mois. Le créateur s’inspire des mésaventures de ce couple gai de Pointe-Claire harcelé par certains voisins. Une histoire d’amour contemporaine, entravée celle-là par un mal hélas aussi universel que la jalousie: l’intolérance…

Dès le 2 juillet
Au Théâtre du Nouveau Monde