Festival Fringe : Le goût du risque
Scène

Festival Fringe : Le goût du risque

Au Festival Fringe, il y a longtemps que le quatrième mur a été jeté par terre.

Au Festival Fringe, il y a longtemps que le quatrième mur a été jeté par terre. Pas question de s’asseoir passivement dans son fauteuil de la rangée W; ici, le public est à portée de la main, et l’on ne se gêne pas pour le faire grimper sur scène, lui offrir un biscuit ou lui demander de se dévêtir! À quelques jours de la clôture de l’événement, quelques suggestions de performances intimes, qui offrent à tous la chance de se donner en spectacle…

See Me Naked
L’Américaine Maria Glanz s’amène à Montréal avec un charmant solo sur le thème de la nudité, sacré "Best of Fest" à l’édition 2001 des festivals Fringe d’Edmonton et de Seattle. Le spectacle débute par un strip-tease laborieux. Sous le regard perplexe du batteur qui rythme l’effeuillage, la jeune femme se réfugie en coulisses avant d’avoir terminé, puis revient lier connaissance avec le public, question de faciliter les choses. Cela commence par des questions innocentes – quand avez-vous été, pour la dernière fois, nu devant quelqu’un d’autre? Devant plusieurs personnes? -, puis se corse quand elle demande à des spectateurs de se dévêtir… Maria Glanz ne fait pas qu’inciter le public à la débauche, elle cause de ses complexes avec beaucoup de franchise et de drôlerie. Et quand elle se dévêtira enfin, c’est avec respect que les spectateurs applaudiront…

Conne Carne
L’une laisse tomber ses vêtements, l’autre choisit de s’envelopper d’un manteau de graisse. Muriel de Zangroniz incarne une trentenaire désespérée qui tente de se suicider en engloutissant 120 kilos de spaghetti en 12 heures. Ce faisant, elle livre un bilan teinté d’humour de sa triste vie de fille trop grosse, portée sur la bouteille et le sexe. Malgré quelques longueurs, ce spectacle devrait plaire aux 25-35 ans déçus de ne pas être devenus ce qu’ils rêvaient d’être. Une mention spéciale pour le décor: six frigos qui se transforment en salle de bain, salon ou plantation de bananes, et une impressionnante montagne de pâtes.

Les Sorcières
Bonne idée d’adapter The Crucible, d’Arthur Miller, en cette ère d’intégrismes de toutes sortes. L’interprétation est très inégale, mais les 12 comédiens ont eu de bons flashs de mise en scène, intégrant le public au procès des filles de Salem. Les plus téméraires prendront place sur scène; ils devront s’agenouiller, courir et grimper sur un bûcher avec les condamnées à mort. Pour les autres, il reste les gradins…

Rabat-joie
"Vous ne verrez pas une version barbue de Stéphane Rousseau!" Le scripteur Luc Boily sort de l’ombre, mais il prévient le public: il n’est pas (encore) Monsieur présence sur scène. Une attitude sympa, qui colle bien à son humour direct et dénonciateur. Dans Rabat-joie (amer, frustré et… plus heureux que jamais), il se moque de la surconsommation, la surinformation et les "taouins", dont il dresse une liste avec le public. L’humour politique est de retour!

Les monologueuse
Stéphanie Lamarre et Marie-Claude Therrien s’offrent un marathon de huit monologues où l’on fait la connaissance d’une étrangleuse de chats, d’une mère archi-protectrice… et d’autres créatures tordues imaginées par Michel Gatignol, qui signe la mise en scène. Une production du Théâtre du XXIIe siècle, à voir pour les performances des comédiennes en créatures tellement fêlées qu’elles pourraient être issues d’une autre dimension. Ou d’un siècle futur…

Jusqu’au 23 juin