Arturo Brachetti : Sortir du placard
Scène

Arturo Brachetti : Sortir du placard

Le Festival Juste pour rire présente en reprise le phénomène ARTURO BRACHETTI. Un retour à Montréal qui est le point de départ d’une importante tournée nord-américaine. En février dernier, le jour de la 500e représentation de son spectacle au Casino de Paris, Voir a rencontré le sympathique transformiste italien. Conversation avec un homme multiple et  unique.

"La vraie vie est dans notre tête… ou dans le placard de maman", lance Arturo Brachetti, au milieu de son spectacle, afin d’expliquer au public sa fascination pour le changement de peau. Celle-ci remonte donc à sa tendre enfance, alors que le jeune Arturo empruntait dans la garde-robe maternelle le matériel propice à laisser libre cours à son imaginaire. "Tous les rêves étaient alors possibles, grâce à un simple chapeau", se souvient-il.

Aujourd’hui, le célèbre transformiste italien possède plus de 350 costumes qu’il entasse dans son appartement parisien, l’antre de son imaginaire. Le quart de cette collection est entreposé dans une malle gigantesque, à la fois le décor et la boîte à surprises de L’Homme aux mille visages, un spectacle solo dans lequel le comédien se transforme plus vite que son ombre.

Depuis sa création montréalaise, en juillet 1999, ce one man show mis en scène par Serge Denoncourt a propulsé cet artiste atypique sur la scène internationale. Après les représentations montréalaises, du 10 au 27 juillet, Arturo Brachetti ira à Toronto en septembre pour se produire sur la scène du Canon Theatre. Suivra une tournée nord-américaine qui – si les Américains répondent avec autant d’enthousiasme que les Français – devrait aboutir à New York, au printemps 2003.

Le succès d’Arturo Brachetti tient à plusieurs facteurs. Bien sûr, il change de personnage comme de chemise, passant de Chaplin à Fellini, de Carmen Miranda à Liza Minnelli, en passant par James Bond. Mais il mélange aussi les genres, les époques, les références, les émotions. Bref, il touche tous les publics.

Dans sa loge du Casino de Paris, où Voir l’a rencontré en février dernier, il a affiché des dessins que des enfants lui ont envoyés après avoir vu le show: "Mes plus belles critiques, ce sont ces dessins d’enfants. Un grand poète italien affirmait qu’un enfant de 8 ans, curieux, candide et émerveillé, accompagnait chaque artiste durant toute sa vie. Et ce petit enfant est bien éveillé dans ma tête."

Émule de Leopoldo Fregoli (1867-1937), le transformiste remet cet art mystérieux au goût du jour avec L’Homme aux mille visages. Même si, parfois, il doit mettre les bouchées doubles. "Quand on est arrivé à Paris, en janvier 2000, les critiques ont mis du temps à venir voir le spectacle. Les médias ne savaient pas comment me classer: magicien, imitateur, comédien, travelo, artiste de music-hall, de cabaret ou de cirque? Je suis conscient que je pratique un art assez original, sans comparaison possible. Puis, le producteur (Guy Laforce du Groupe Rozon) a décidé d’inviter des personnalités du tout-Paris. Elles ont adoré. Le bouche à oreille s’est mis en branle. Et la presse est venue."

Deux ans plus tard, après le Théâtre Marigny, le Mogador, le Casino de Paris, les tournées en province et 500 000 spectateurs, Arturo Brachetti est une personnalité plus connue en France qu’en Italie! Pour passer incognito, il défait sa houppe, coiffure qu’il a adoptée, voilà quelques années, en défendant le personnage de Puck dans une production londonienne du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, pour avoir justement une tête reconnaissable en dehors de la scène.

À force de jouer tous ces personnages célèbres, le véritable Arturo Brachetti vit-il parfois une crise d’identité? "Je pense que je ne me connais pas vraiment. Toutefois, depuis que je fais ce spectacle, je n’ai plus besoin de jouer autant dans le quotidien. Je me suis beaucoup calmé. Dans la vie, je suis banal. Terriblement banal."

"Le poète est un mensonge qui dit toujours la vérité", écrivait avec beaucoup de justesse Jean Cocteau. C’est un peu ça, Arturo Brachetti. Un homme ordinaire qui se transforme en créature extraordinaire.

Dès le 10 juillet
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts