María Pagés : Tout feu tout flamme
Directrice du Centre de danse andalouse de Séville, danseuse débordante d’élégance, d’énergie et de personnalité, María Pagés est aujourd’hui considérée comme la plus importante chorégraphe de flamenco au monde. Sa compagnie présentera un spectacle avec 15 danseurs et musiciens, au Centre Pierre-Péladeau, dans le cadre du Festival Juste pour rire.
Carmen en avait fait son hymne et exprimait, à travers cette danse, son charme et sa sensualité. La jeune et fière Andalouse María Pagés a construit sa vie autour de cet art. "Quand je danse, tout m’est familier. Je suis très tranquille et très libre, c’est certainement le moment où je suis le plus libre de toute ma vie", explique la chorégraphe. Pour beaucoup, le flamenco est une danse traditionnelle qui raconte la souffrance, le malheur, la misère et l’errance, vécus par des générations entières. Intense et vibrant, le flamenco exprime aussi la joie de vivre et peut devenir synonyme de fête. "Le flamenco est une danse ancestrale qui a évolué au fil du temps, des conquêtes et des invasions. C’est une danse de vie. Toutes les émotions sont concentrées dans ces pas, même le rire", raconte María Pagés.
Né sous le soleil d’Andalousie, dans le Sud de l’Espagne, le flamenco se raconte à travers trois moyens d’expression indissociables et complémentaires: la musique, le chant et la danse. Reconnu comme musique du petit peuple, il se caractérise par de magnifiques mélodies langoureuses, des jeux de guitare aux rythmes tantôt plaintifs, tantôt enjoués, et par une danse sensuelle, violente, et souvent érotique. Malgré ses rythmiques complexes et provocantes, ce style musical laisse une grande place à l’improvisation. Élément que l’on retrouve également dans la danse. Pour María Pagés, le style flamenco n’est pas emprisonné dans un carcan traditionnel, la danse contemporaine y est également très présente. "Même s’il s’agit d’une danse traditionnelle, transmise de génération en génération, les influences nouvelles contribuent à faire évoluer le flamenco." Bien que ses origines soient nébuleuses, on peut dire avec certitude que le flamenco est un hybride des multiples cultures qui ont occupé ce territoire au fil du temps: grecque, romaine, juive, gitane, arabe, espagnole…
Considérée comme la meilleure troupe de flamenco des 10 dernières années, la Compagnie María Pagés a largement contribué à l’évolution de cet art avec des spectacles novateurs, voire révolutionnaires. María Pagés s’est beaucoup inspirée des différentes expériences artistiques qu’elle a pu vivre pour mettre le flamenco au goût du jour. Sa participation au spectacle Riverdance (pour la création à Broadway) l’a beaucoup marquée, tout comme son expérience au sein des compagnies de flamenco des maîtres danseurs espagnols que sont Antonio Gades, Mario Maya ou Rafael Aguilar.
La culture espagnole est aussi fortement marquée par la tauromachie. Il est d’ailleurs amusant de constater que la puissance du torero se rapproche de la performance du danseur de flamenco. "Le mouvement du torero, son déplacement, la manière de positionner son corps, sa posture et sa grâce sont étroitement similaires aux gestes du flamenco. Ce n’est pas forcément visible, mais c’est du domaine de la force intérieure, du ressenti", explique-t-elle. Mais le parallèle s’arrête là, même si María Pagés semble être une femme forte qui ne s’en laisse pas conter.
Du 4 au 13 juillet
À la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau