Cirque Éos : L’imaginaire au pouvoir
Moins théâtral qu’Éloize, plus "familial" que le Cirque du Soleil, le Cirque Éos vient lui aussi faire son tour de piste en cette achalandée saison.
Moins théâtral qu’Éloize, plus "familial" que le Cirque du Soleil, le Cirque Éos vient lui aussi faire son tour de piste en cette achalandée saison. Issue surtout de l’École de cirque de Québec, sa polyvalente jeune troupe prouve encore une fois combien la province produit maintenant des professionnels de haut vol du cirque nouveau. Acrobates, jongleurs, voltigeurs. Rien de vraiment neuf sous le chapiteau, mais un art toujours spectaculaire à voir.
Nouvelle version du spectacle créé en 1998 par la compagnie de Québec, en route vers sa première tournée nord-américaine, Imaginaire se distingue par une teinte plutôt burlesque, des personnages hénaurmes qui ne dépareraient pas une émission enfantine, des costumes et maquillages (conçus respectivement par Luce Pelletier et Nathalie Simard) présentant une véritable débauche de couleurs. Incarné par des créatures comme la flamboyante Grande Dame (Claire-Alexie Turcot), le fil conducteur du spectacle reste allusif et plutôt obscur.
Si la mise en scène, signée à l’origine par Ghislain Turcotte et revue par Alain Benoit, est peut-être plus colorée que raffinée, si les gentilles élucubrations du clown, liant les performances, risquent d’amuser surtout les petits, si l’ordonnance du show semble réserver quelques tableaux moins impressionnants pour la fin, on retiendra du Cirque Éos ses numéros, généralement fort réussis. (Passons aussi sur les maladresses de la première: le discours très morne du président-fondateur Michel Rousseau et cette insistance dans les intros à prononcer le nom du commanditaire. Les artistes-athlètes parlent avec plus d’éloquence…)
On admire ainsi les voltiges de ce trio féminin qui s’agglutine en grappes humaines sur un cube aérien, ou les arabesques de ce quatuor qui s’enroule et se déroule autour de tissus vaporeux. On sourit devant la dimension comique qui pimente les impressionnants échanges des jongleurs, calculés au poil (les personnages ont beau être grotesques, leurs gestes sont précis). On apprécie la touche plus moderne des cascades périlleuses sur bicyclette (le "Trial extrême"). Et on retient son souffle devant les vertigineuses culbutes d’une jeune fille qui rebondit avec une incroyable adresse sur l’étroite barre russe.
Le Cirque Éos nous offre ces ingrédients qui font depuis toujours la magie du cirque: la grâce et le danger. La beauté des exploits de ces corps qui s’acharnent à repousser les limites humaines.
Jusqu’au 4 août
Au Quai de l’horloge du Vieux-Port de Montréal