Game Show : Les jeux sont faits
Game Show , la pièce "interactive" présentée au Théâtre de Rougemont, possède au moins le mérite de proposer un menu différent du boulevard coutumier.
On gagne rarement le gros lot à cette loterie du rire qu’est le théâtre estival québécois. Game Show, la pièce "interactive" présentée au Théâtre de Rougemont, possède au moins le mérite de proposer un menu différent du boulevard coutumier. Et pour au moins un spectateur, qui repart avec un lecteur DVD à la fin de la soirée, l’exercice est profitable…
Dans un décor délibérément kitsch qui abuse sans vergogne des teintes "nananes", Game Show recrée un populaire jeu télévisé en direct. Les concurrents à ce quiz aux questions très faciles (disons qu’on est plus près des Beaux Parleurs que de Tous pour un…) sont recrutés parmi le public, encouragé à participer par un sexy animateur de foule (Daniel Thomas, parfait pour le rôle) – qui multiplie les déhanchements provocants.
Pendant les pseudo-pauses publicitaires, un plateau tournant nous permet de voir l’envers du décor de cet univers clinquant, à la gaieté forcée. Et ce n’est pas beau: ambition, vanité, magouilles, jeux de pouvoir, couchette. Tandis que l’animateur en renégociation de contrat, le très fat Jérôme Richard, drague tout ce qui bouge, la perfide productrice (survoltée Julie Vincent), une intrigante de la pire espèce, joue un double jeu, complotant pour l’évincer de l’émission et monter elle-même en grade.
En beau brummel basané du "Game Châa", Sylvain Marcel compose une caricature crédible des Bob Barker et compagnie, avec son dosage de platitudes débitées au public et de charme factice. Le comédien déploie de l’aisance et un sens de la répartie dans ses échanges avec les participants.
Sur le plan visuel et technique, le pastiche du quiz est bien fait. Mais la mise en scène frénétique de Frédéric Desager ne suffit pas à gommer la vacuité du texte des Américains Jeffrey Finn et Bob Walton. Pour la satire du merveilleux monde de la télévision, on repassera…
Le spectacle pourrait se permettre de pousser la folie au maximum et de jouer encore davantage avec le public (manifestement prêt à embarquer mais sagement cantonné dans son rôle de faire-valoir) tant l’intrigue, qui a la minceur du papier sur lequel sont écrites les questions, est un pur prétexte. Et avec son seul personnage féminin qui utilise son corps pour servir ses ambitions professionnelles, et son animateur qui se déculotte pour un oui ou un non, disons que le texte ne vole pas très haut…
Jouant sur le faux et le vrai, la pièce – correctement adaptée au contexte québécois par Josée La Bossière – mise surtout sur une excellente idée. Astuce qu’on ne peut malheureusement pas dévoiler ici, mais qui procure les principaux moments d’hilarité du spectacle. Pour le reste, Game Show est aussi divertissant et anodin que le premier jeu télévisé venu…
Au Théâtre de Rougemont
370, rang de la Montagne