Cinplass : Improvisation libre
Depuis un an, le groupe Cinplass réinvente l’impro lors de rendez-vous mensuels de plus en plus courus…
Depuis un an, le groupe Cinplass réinvente l’impro lors de rendez-vous mensuels de plus en plus courus, qui offrent une version anarchique de l’affrontement inspiré du hockey imaginé par Robert Gravel. En repensant leur jeu favori, ces enfants de l’impro – ils ont la vingtaine… mais en font tous depuis une dizaine d’années – cherchent à retrouver le plaisir de l’expérimentation théâtrale spontanée et sans contrainte. Échange avec des comédiens convaincus que ce n’est pas parce qu’on improvise qu’on ne peut pas réfléchir…
Édith Cochrane, Frédéric Barbusci et Guillaume Lemée s’expriment dans la vie exactement comme sur scène, en complétant les phrases amorcées par leurs compagnons de jeu, sans jamais se couper la parole, tellement attentifs qu’on les dirait télépathes. Bien qu’ils soient tous bacheliers de l’UQAM, c’est dans le "petit monde de l’impro, où les survivants de plus de 25 ans sont rares" qu’ils ont lié connaissance. D’où leur est venue l’idée de Cinplass?
Guillaume: "D’une écoeurite…"
Édith: "… parce qu’on faisait tous de l’impro depuis longtemps et qu’on s’était tannés de la formule compétitive…"
Frédéric: "… mais en fait, tout a vraiment commencé quand Guillaume nous a proposé de former une équipe pour aller jouer en région."
Une bien belle idée, qui s’est malheureusement soldée par un flop retentissant. Résultat: les copains ont réfléchi à leur ras-le-bol, écrit un manifeste (www.chez.com/5plass) où l’on peut entre autres lire que "comme une pute, l’impro se vend, vautrée dans ses plus ignobles facilités", puis décidé de libérer l’impro du "rire plate et gras". D’où Cinplass, collectif sans adversaires, sans thèmes imposés et sans arbitre, qui ne craint ni le pathos, ni le burlesque. Du théâtre improvisé ramené à sa plus simple expression, dont la seule règle est: "Surprenons-nous!"
Présentées au Hors Bord, les soirées débutent toujours par une impro d’introduction où tous se présentent lors d’un aparté, puis les interprètes amorcent à tour de rôle les impros (outre Cochrane, Barbusci et Lemée: Louis-Martin Guay, Antoine Vézina et occasionnellement Anaïs Favron, remplaçante), utilisant les accessoires qu’ils ont apportés et contrôlant eux-mêmes les éclairages et la musique. L’ambiance rappelle les séances de projection de courts métrages Kino, qui se déroulaient au même endroit avant de connaître un boom de popularité. Mais contrairement à Kino, qui ne cesse de recruter des cinéastes en herbe, Cinplass entend bien continuer de porter son nom. "Il n’y a que cinq places, confirme Guillaume Lemée, ce serait tuer l’esprit que d’y changer quelque chose."
Cela, parce que la confiance est l’ingrédient de base du quintette. La connivence permet d’expérimenter sans se sentir obligé d’assaisonner chaque réplique d’un gag. Au fil des mois, cela aura donné lieu à des improvisations absurdes, gore ou ultra-émouvantes, comme celle où une fillette tentait de capter l’attention de son père saoul mort devant son Nintendo, un moment de théâtre qui a fait perler quelques larmes dans la salle…
Né d’un grave accident – "l’envie d’expérimenter est entrée en collision avec le ras-le-bol", selon Guillaume Lemée -, Cinplass ne snobe pas les autres ligues d’impro, au contraire… puisque ses membres en font pratiquement tous partie! "Cinplass m’a permis de reprendre goût à l’impro plus traditionnelle, explique Édith Cochrane, membre de la LNI. J’ai beaucoup de plaisir avec Cinplass et quand je retourne dans une autre ligue, je sais exactement pourquoi je suis là."
Pour assister à un tour de piste gratuit, rendez-vous au Hors Bord, le deuxième samedi de chaque mois.
Le 14 septembre, à 20 h
Au Hors Bord