Le Groupe de poésie moderne : Le plaisir des mots
Ce sont de drôles de types, à la fois théoriciens et saltimbanques, qui aiment s’amuser sérieusement. À la fois très exigeants et très ludiques, les créateurs du Groupe de poésie moderne (GPM) se plaisent à déconstruire les textes dans des prestations inclassables par la critique.
Ce sont de drôles de types, à la fois théoriciens et saltimbanques, qui aiment s’amuser sérieusement. À la fois très exigeants et très ludiques, les créateurs du Groupe de poésie moderne (GPM) se plaisent à déconstruire les textes dans des prestations inclassables par la critique.
Depuis 1993, le GPM se produit dans divers lieux à Montréal: cabarets, bars et lofts du Plateau, maisons de la culture… Les membres de cette troupe étrange et indéfinissable (un mélange de poésie, de théâtre, de spoken word, de performance) partagent le goût du spectaculaire et la maîtrise de l’instrument de l’acteur. Les fondateurs du GPM, les auteurs Benoît Paiement et Bernard Dion (deux champions de la déconstruction des mots et du sens), se sont entourés depuis près de dix ans de quelques complices: Robert Reid, qui a signé toutes les mises en scène de la troupe, ainsi que les comédiens Christophe Rapin, Francis Néron et Félixe Ross.
"La plupart d’entre nous ont fait des études théoriques sur le jeu, explique le metteur en scène Robert Reid. Mais la théorie pour la théorie, ça ne nous intéresse pas. Notre travail sur la rythmique des textes a quelque chose d’obsessif. Mais je pense que dans la précision obsessive, il y a quelque chose de beau à voir et d’amusant à faire pour les interprètes."
Pour sa cinquième création, Le Boson de Higgs, à l’affiche de la salle Du Maurier du Monument-National du 11 au 22 septembre, le Groupe de poésie moderne propose une série de textes qui s’enchaînent comme des partitions musicales (le musicien Sylvain Bertrand s’est joint au Groupe pour la trame musicale) pour mieux laisser cours à la virtuosité physique et vocale.
Le Boson de Higgs (du nom d’une particule évasive en physique quantique) a été créé en mars 2002 à la maison de la culture du Plateau-Mont-Royal puis présenté à la Salle Gabrielle-Roy de Québec et au Festival annuel d’innovation théâtrale (FAIT) à L’Assomption.
"Le Boson de Higgs, c’est l’histoire d’une troupe de théâtre qui revient de vacances et qui éprouve les douleurs et les angoisses de la création", explique Reid. Mise en abyme? Certes. Mais aussi partie de plaisir. Le plaisir de la forme et du jeu avec le langage. Mais la démarche artistique a priori désinvolte est toutefois des plus sérieuses.
"Notre méthode, tant avec la voix qu’avec le mouvement, est très rigoureuse, explique Reid, émule de la technique de jeu biomécanique de Meyerhold. Le travail avec les acteurs doit être bien orchestré et exige énormément de répétitions de la part des interprètes. Ces derniers viennent de différentes écoles de formation. On essaie donc de trouver un langage commun.
"Mais je ne veux pas créer simplement un objet formel. Ou faire une démonstration de virtuosité pour montrer au public qu’on est bon. Il faut aussi susciter un plaisir parmi le public. Il y a quelque chose d’obsessif dans notre démarche qui en devient ravissant."
Après Le Boson de Higgs, Robert Reid va diriger Corps et âme de John Mighton, en octobre au Théâtre Prospero, avec sa compagnie le Théâtre Ange-Éléphant, qui travaille sur des textes étranges et déroutants.
Du 11 au 22 septembre
À la salle Du Maurier du Monument-National