Scène

Portrait : Giorgia Volpe Elvira Santamaria

L’immense et magnifique courtepointe de sacs de plastique suspendue aux structures de l’autoroute Dufferin que Giorgia Volpe a réalisée dans le cadre de l’événement Émergence…

Giorgia Volpe

L’immense et magnifique courtepointe de sacs de plastique suspendue aux structures de l’autoroute Dufferin que Giorgia Volpe a réalisée dans le cadre de l’événement Émergence nous a franchement épatés. Belle occasion pour en savoir un peu plus sur cette artiste brésilienne qui poursuit un travail artistique où le corps est au centre de ses préoccupations; ce qui l’habite et l’abrite aussi. Un travail de textile, de dessins, de gravures et autres procédés qu’elle se permet désormais d’hybrider. C’est en 1998, à la suite d’un séjour au centre photographique Vu soutenu par le gouvernement du Brésil, qu’elle s’est installée au Québec. Avec pour bagages une dizaine d’années de carrière artistique à Sao Paulo dans le milieu underground de l’art contemporain: "En arrivant ici, explique-t-elle, j’ai été fascinée par l’organisation des centres d’artistes." Ces centres où ce sont les artistes qui gèrent eux-mêmes leurs lieux de production et de diffusion. Un modèle rare dont nous ne sommes pas les seuls à reconnaître les qualités et l’originalité. L’hiver dernier, elle a tressé un fil d’Arianne d’un kilomètre de long qui lui a permis de parcourir le Collège François-Xavier-Garneau et de tisser des liens pendant les semaines de sa résidence in situ. C’est elle qui a baptisé les arbres qu’enveloppe la ville chaque hiver, en brodant des noms de fleurs et de femmes sur les toiles grisâtres. Artiste généreuse et indépendante, Giorgia Volpe est intervenue maintes fois dans la ville; en faisant des intrusions minimales, parfois invisibles, toujours proches de l’action directe, éphémères: "Une façon de rompre avec le flux continu du quotidien", dira-t-elle. Si Giorgia Volpe a maintenant son nid ici, elle continue toujours de développer des contacts avec le Brésil, où elle se rendra d’ailleurs dans les prochains mois, avec en main de grandes estampes numériques qu’elle aura réalisées à l’Atelier d’estampes Sagamie d’Alma, un des hauts lieux de production d’estampes au Québec. Au Brésil, elle exposera dans une galerie de l’étrange et fascinante capitale Brasilia et dans un musée en Amazonie.

Elvira Santamaria
C’est le troisième séjour à Québec de l’artiste mexicaine Elvira Santamaria. Depuis 10 ans, cette artiste des arts visuels et de la performance fait un travail exceptionnel qui s’élabore d’une manière situationniste, en portant une attention à ce qui se passe autour d’elle; à ce qui est déjà là. Son art est radical: elle ne suit pas une idée ou un concept, mais ce que la réalité lui donne. Après deux séjours au Lieu en 1993 et en 1996, cette fois-ci, c’est à la Chambre blanche qu’elle réside pour quelques mois où elle prépare une installation sur la mémoire; celle que l’on a des artistes et des intellectuels. On a déjà pu apprécier son travail à l’occasion de LASCAS (échange Québec-Mexique organisé par le Lieu et les centres d’artistes de Québec) il y a quelques jours, où elle a fait une des meilleures performances du week-end. Après avoir cueilli une à une des plumes d’oiseaux gisant sur le sol, qu’elle tenait comme des drapeaux signalétiques, elle s’est aventurée sur le boulevard Charest où elle a bravé l’heure de pointe. Elle s’est accroupie dans la rue, pendant l’arrêt obligé des voitures au feu rouge. Nous avons retenu notre souffle. Puis, restant immobile au centre du trafic, elle a confronté les voitures s’avançant, puis la contournant. Un ange est passé. En guise de finale, elle a enjambé une des voitures arrêtées devant elle. Habitante de Mexico la ciudad, pour Elvira Santamaria, "la culture de la voiture, c’est la culture du conflit". Guerre pour le pétrole, pollution. À la Chambre blanche, son projet consiste à utiliser non pas des plumes d’oiseaux, mais ses propres cheveux. Depuis quelques jours déjà, elle collige soigneusement un à un ses cheveux qui tombent quotidiennement. Elle profitera aussi de son séjour pour faire une autre performance avec Black Marquet à l’occasion de la Rencontre internationale de performance du 5 au 8 septembre. À suivre aussi: le déroulement de son installation à la Chambre blanche jusqu’au 3 novembre.


Calendrier – Arts visuels

Première édition du Mois de l’estampe du Conseil québécois de l’estampe
Tania Girard-Savoie, Simulacre, du 13 septembre au 13 octobre, chez Engramme.

Elmyna Bouchard, du 25 octobre au 14 novembre, chez Madeleine Lacerte.

Empreintes digitales, collectif, du 8 octobre au 17 novembre, à la galerie Trompe-l’oeil .

Jeanne de Chantal Côté et Marc Dugas, du 11 au 27 octobre, chez Rouje.

Colloque international sur l’estampe actuelle: Estampe contemporaine: la perméabilité des frontières, le 12 octobre, au complexe Méduse.

Interlaces. Nyqc entrelacé
L’événement devait avoir lieu dans le cadre de la Saison du Québec à New York l’automne dernier. Antitube récidive et reçoit Perte de signal (Mtl + QC) et Video Lounge (NY), le 7 septembre à 20h, à la salle Multi.

Dépossession
Manoeuvres et interventions urbaines des Fermières obsédées, de Claudine Cotton, Isabelle Laverdière et Christine Saint-Maur, du 28 septembre au 3 octobre, événement organisé par Folie/Culture.

Carlos Sainte-Marie
À compter du 19 septembre, à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval.

Lucie Fortin
À compter du 20 septembre, à la galerie Le 36.

Paul Lacroix, Gaétan Gosselin et André Barette
Du 19 septembre au 6 octobre, chez Rouje.

Patrice Duchesne
Familles X, tableau 4. Jusqu’au 29 septembre, à la Petite Galerie de l’Oil de poisson.

Massimo Guerrera
Du 14 novembre au 12 janvier, au Musée du Québec.

Suzor-Côté, 1869-1937. Lumière et matière
Du 10 octobre au 5 janvier, au Musée du Québec.