Iréni Stamou : L’invitation au voyage
Dans un espace immaculé, Iréni Stamou invite le spectateur à une odyssée féminine. La chorégraphe et interprète a choisi de faire une véritable introspection dans son histoire personnelle pour en exalter une identité collective.
À l’aube de la quarantaine, la chorégraphe gréco-québécoise Iréni Stamou présentera, à l’Agora de la danse, un nouveau projet solo, fruit d’une recherche personnelle intérieure menée grâce à plusieurs résidences au Canada et au Costa Rica.
"J’ai eu l’occasion d’être invitée dans un centre de danse au Costa Rica pour faire un travail de recherche solo. Dans cet environnement, la nature m’a vraiment frappée. J’étais au milieu de la nature, dans un studio sans fenêtres, sans technologie. J’étais comme déconnectée de la vie et de la réalité."
Iréni Stamou a donc travaillé sur le seul matériau qu’il lui restait: elle-même. Elle semble néanmoins s’être détachée du problème de ses origines. Elle explique que "toutes mes origines coexistent en même temps. Mes racines européennes m’influencent car elles font partie de moi. Elles sont inscrites dans mon corps et dans mon être. J’ai grandi en Grèce et je me suis aussi beaucoup inspirée de la danse européenne. En Europe, il y a une histoire plus présente, plus intense. On la ressent vraiment".
Le nouveau spectacle d’Iréni Stamou a pris le nom d’Odyssia. Il s’agit d’une invitation au voyage, au cheminement intrinsèque dans sa personnalité et son histoire. "Je voulais utiliser ce titre en 1993, mais cela ne collait pas avec le spectacle de l’époque. Lorsque je faisais la recherche sur l’appartenance, au Costa Rica, ce nom s’est imposé définitivement. J’ai toujours été inspirée par les mythes, le théâtre grec, l’Antiquité… Odyssia rappelle plein de choses: la mer, le sacrifice, et c’est aussi une référence à L’Odyssée d’Homère."
Dans un espace immaculé, Iréni invite donc le spectateur à une odyssée féminine. Elle a choisi de faire une véritable introspection dans son histoire personnelle pour en exalter une identité collective et mieux comprendre ce que l’on est aujourd’hui. "Le travail de solo est pour moi un exercice différent, plus intense. Je peux travailler à mon propre rythme. D’ailleurs, je peux dire que le rythme de création est permanent. C’est plus un état qu’un véritable travail. Je peux aller plus profond dans certaines choses. Je trouve que le solo est une expérience très spirituelle, c’est vraiment métaphysique."
Odyssia montrera donc 12 courtes pièces, comme autant de haïkus, ces petits poèmes japonais pleinement inspirés de morale zen. "J’aime la poésie et cette forme d’abstraction me plaît, car elle laisse partir l’imaginaire où bon lui semble. J’en écris et en lis beaucoup. Les poèmes japonais me touchent davantage avec leur esprit zen."
Mais la couleur sera aussi au rendez-vous avec l’apport d’un véritable travail effectué sur l’image, la vidéo et les lumières. "Au départ, j’étais très intimidée par la technologie et j’ai voulu l’apprivoiser sur scène. La vidéo est présente pour accompagner la chorégraphie, prolonger le mouvement. La technologie constitue ainsi un élément du décor. Elle existe dans notre vie quotidienne et il faut donc l’intégrer à nos créations. L’esprit de la pièce est la poésie onirique et la technologie vient en renfort pour accroître ce sentiment", explique Iréni Stamou, qui a travaillé en étroite collaboration avec deux créateurs d’ambiance: la vidéaste Karin Haze et le concepteur lumière et scénographe, Philippe Dupeyroux. Trois extraits ont déjà été présentés en avant-première, mais l’Agora s’est réservé la primeur de la création mondiale.
Le retour du Toronto Dance Theatre
Dans le cadre de la série Danse Danse, Christopher House, le directeur du Toronto Dance Theatre, présentera Persephone’s Lunch, à la salle Pierre-Mercure. Cette pièce chorégraphique s’inspire également de L’Odyssée d’Homère et évoque des thématiques liées au couple et à la relation amoureuse: le désir, la tromperie, la fragilité des sentiments… Avec 12 danseurs et l’utilisation massive de la vidéo, ce spectacle nous en met plein la vue.
Odyssia
du 12 au 14 et du 18 au 21 septembre
Au Studio de l’Agora de la danse
Persephone’s Lunch
du 19 au 21 septembre
À la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau