Le Boson de Higgs : La folie en quatre
Scène

Le Boson de Higgs : La folie en quatre

Avec Le Boson de Higgs, le Groupe de poésie moderne fait de la prose son combat…

Avec Le Boson de Higgs, le Groupe de poésie moderne fait de la prose son combat. Pour la première fois en 10 ans de performances absurdes, le GPM raconte une histoire, par le truchement d’un échange épistolaire. Et pas n’importe laquelle, la sienne. Ce qui n’empêche pas les auteurs attitrés du Groupe, Bernard Dion et Benoît Paiement, de continuer de s’amuser à déconstruire des textes, pour nous en livrer les morceaux dans des saynètes poétiques sans queue ni tête. Mais cette fois, avec une mise en abyme (un peu trop appuyée) en prime. Comme si ces virtuoses du verbe avaient voulu entrecouper leurs numéros loufoques d’un genre de making of du spectacle.

Longtemps classé comme inclassable, selon ses membres, le GPM s’est inventé une forme d’expression artistique entre le spoken word, la poésie et le théâtre, où des textes écrits comme des partitions sont dits par des interprètes-sculpteurs de mots. La mise en scène de Robert Reid – qui a dirigé toutes les performances du GPM – est axée sur les techniques de jeu biomécanique de Meyerhold, ce qui explique la grande précision du jeu des interprètes Francis Néron, Christophe Rapin, Félixe Ross et Benoît Paiement.

Les missives échangées sur scène sont lues avec emphase et écoutées avec une tendresse rappelant celle des Éternels Pigistes dans Le Rire de la Mer. Il y est question de voyages, de déceptions en amour et en amitié, ainsi que d’un prochain spectacle (Le Boson de Higgs!) qui leur fait craindre le pire, ce qui donne lieu à des justifications artistiques du genre "Ce que nous avons voulu faire…". Le GPM agrémente ces échanges d’un collage de petits numéros complètement sautés, véritables délices pour l’oreille, comme "Les chiens martyrs canadiens" et "Le Chinois en Chine qui n’avait jamais vu un eggrôle"…

Autour de ces athlètes du verbe au jeu complice, un décor de colonnes non réaliste ajoute à l’esprit d’autodérision du spectacle, tout comme les interventions du pianiste Sylvain Bertrand.

Et le boson de Higgs dans tout cela? Il s’agirait de la particule élémentaire qui donne leurs masses aux autres, sans laquelle toute la théorie moderne de la matière s’écroule. Le hic, selon le GPM: l’incapacité de la physique à prouver son existence. Pour en savoir plus, il faut assister à une séance de délire du Groupe, qui se dit "irresponsable de quoi que ce soit, incluant l’étrangeté du titre retenu"…

Jusqu’au 22 septembre
Au Monument-National