Odyssia d'Irèni Stamou : Sonder mon âme
Scène

Odyssia d’Irèni Stamou : Sonder mon âme

Conçu lors de deux résidences au Costa Rica, le nouveau spectacle de la chorégraphe-interprète Irèni Stamou est pourtant tout empreint de sa Grèce natale.

Conçu lors de deux résidences au Costa Rica, le nouveau spectacle de la chorégraphe-interprète Irèni Stamou est pourtant tout empreint de sa Grèce natale. Un des charmes d’Odyssia réside d’ailleurs dans cette particularité, ce trait de personnalité, qui fait de la créatrice un genre d’oiseau rare dans le milieu de la danse québécoise. Métissage combien différent!

Irèni Stamou, dont le travail consiste à chercher sans relâche l’équilibre entre la jeune femme d’aujourd’hui et ses origines ancestrales, poursuit avec Odyssia un beau et noble questionnement, qui se traduit sur scène par une très séduisante suite de 12 courts solos. D’un tableau à l’autre, Stamou, qui utilise des costumes et des accessoires aussi variés qu’étonnants (un masque, une robe de papier, une amphore remplie de petits cailloux bleus avec lesquels elle dessine sur le sol des semblants de vagues…), surprend le spectateur en mêlant, dans ses musiques comme dans sa gestuelle, des éléments résolument actuels, aux relents traditionnels de sa culture méditerranéenne.

Le résultat est hétéroclite, chargé, riche de tous les détails qui le composent, et tranche avec ce qu’on nous propose habituellement. Mouvements saccadés, sursauts, tremblements, déhanchements, visage magnifiquement expressif, Stamou la danseuse démontre une présence peu commune. Quiconque la découvre pour la première fois (bien qu’elle ait déjà une dizaine d’années de création derrière elle) constatera immédiatement qu’il s’agit bel et bien ici d’une "nature", mi-androgyne mi-insecte, un peu sirène aussi…

Odyssia, qui convie le spectateur à sonder l’âme d’une voyageuse dans l’espace, le temps, et son intimité, nous fait traverser un imaginaire débordant, foisonnant, complexe. Parfois insaisissable, mais toujours original.

Irèni Stamou a choisi de présenter ses 12 tableaux sur une scène entièrement blanche, bordée de chaque côté par des pans de rideaux, blancs également. Bel effet. En fond de scène, un écran géant sur lequel on diffuse en vidéo de fort belles images de plages, de villages, de corps qui se fondent, des textures, et pour nous relancer fort efficacement, des phrases, des questions, des propositions. On doit ici louer la bonne et juste utilisation de la vidéo dans ce spectacle. Elle ajoute, complète et coule de source. Présentée en première mondiale la semaine dernière pour inaugurer la nouvelle saison de l’Agora de la danse, Odyssia (à l’affiche jusqu’à samedi) témoigne d’assez d’audace, d’originalité, de fraîcheur, d’équilibre entre humour et gravité, pour considérer que la rentrée à l’Agora s’avère énergique et réussie. Voilà pour nous dérouter. Et nous séduire.

Jusqu’au 21 septembre
À l’Agora de la danse
Prix Agora
Initiative sympathique qu’il fait plaisir de souligner: l’Agora de la danse a commencé sa saison en décernant ses tout premiers Prix Agora, pour récompenser des étudiants qui dans les écoles (Montréal et environs) se sont illustrés en faisant de la danse, qu’il s’agisse de classique ou de hip-hop, à l’intérieur d’un programme officiel ou en "à côté". Les 19 lauréats, présents le soir de la première, ont reçu des billets de spectacles, et sont ainsi non seulement encouragés à continuer, mais à sortir voir ce qui se fait. Simple, sûrement pas trop cher… il suffisait d’y penser.