Violette sur la terre : Triste mine
Scène

Violette sur la terre : Triste mine

Avec Violette sur la terre, Carole Fréchette ajoute une pierre rude et noire à son oeuvre dramatique.

Avec Violette sur la terre, Carole Fréchette ajoute une pierre rude et noire à son oeuvre dramatique. Prise par tranches, cette création a tout de la petite mine d’or, et pourtant, le résultat s’avère décevant, sans éclat. Comme si pour mieux parler de la vie des mineurs, la dramaturge avait sacrifié la légèreté fantaisiste de son écriture, pour n’en garder que le versant grave. Le texte poétique est pourtant d’une grande beauté et les interprètes, émouvants. Regard sur un bien sombre tableau…

À l’origine de cette coproduction, il y a une commande passée par le Théâtre du Nouvel Ontario (Sudbury), le Théâtre du Tandem (Rouyn-Noranda) et le Théâtre en Scène (Roubaix, France). Carole Fréchette leur a écrit une pièce inspirée de l’univers des mines, plus près de la fable que du documentaire. Mise en scène par le Français Vincent Goethals, l’oeuvre a été jouée en tournée dans la province puis en France, et repartira sous peu pour l’Ontario et le Nord du Québec.

Comme une rose dans un désert, Violette (Geneviève Couture) apparaît un matin tout près d’une mine désaffectée. Cette fleur sauvage est découverte par Étienne (Pierre Drolet), un enragé qui rêve de se venger de ceux qui l’ont laissé sans travail, semblable à "une plante qui meure dans un coin". Au même moment surgit aussi le timide Paul (Marc Thibaudeau), qui fredonne Le Temps des cerises. Puis, c’est au tour de Marie-Jeanne (Micheline Marin), la femme d’Étienne, de rencontrer la survenante peu bavarde, juste avant Judith (Miriam Cusson). À tour de rôle, ces quatre âmes en peine se confient à Violette. Du lot, Judith et Marie-Jeanne se révèlent d’une maladresse particulièrement touchante, semblables à Albertine rêvant de fuir son quotidien prévisible.

Mais qui peut bien être cette Violette à la bouche scellée, qui se balade avec un carnet dont une seule phrase n’est pas rayée: "Je me suis trompée"? Est-ce un hasard si cette blonde qui a tout laissé derrière ressemble… à Carole Fréchette? Serait-elle l’auteure, poursuivie par des personnages qui lui font la cour et se disputent son attention? L’histoire laisse place à toutes les interprétations…

On peut se demander si ce texte était au départ injouable, ou si c’est sa mise en scène qui rend le résultat si pesant. Les interprètes sont figés, placés dos au public lorsqu’ils ne jouent pas, habillés de noir et éclairés avec parcimonie. De fortes explosions et les interventions à la guitare de Daniel Boivin ajoutent à la noirceur inquiétante de la production. Pas étonnant que Violette ait l’impression "qu’un lac déborde en elle". Dans la salle aussi, on étouffe.

Jusqu’au 28 septembre
Au Théâtre La Licorne