Critique: Macbeth : Jusqu'au 12 octobre À la Bordée
Scène

Critique: Macbeth : Jusqu’au 12 octobre À la Bordée

À la fois dépouillé et riche de sens, le Macbeth de Frédéric Dubois et de son équipe en dévoile l’essence de façon lumineuse. La scénographie (Vano Hotton), simple et belle, efficace, crée une image de chaos: celui qui commence avec le meurtre du Roi Duncan.

À la fois dépouillé et riche de sens, le Macbeth de Frédéric Dubois et de son équipe en dévoile l’essence de façon lumineuse. La scénographie (Vano Hotton), simple et belle, efficace, crée une image de chaos: celui qui commence avec le meurtre du Roi Duncan. Sur ce décor, éclairages (Denis Guérette) créant de magnifiques images, en finale notamment.

Les comédiens, tous forts et bouleversants, livrent une interprétation limpide, grave, très physique, accompagnés de l’environnement sonore, véritable pouls de la tragédie, créé et interprété par Pascal Robitaille. Plusieurs comédiens jouant différents personnages se font méconnaissables de l’un à l’autre (France LaRochelle); certains, dans des rôles pour eux inhabituels, étonnent (Jean-Sébastien Ouellette, Nadine Meloche). Tous font vivre avec acuité et avec une sensibilité presque charnelle les émotions de leur personnage: Marie-Christine Lavallée donne la chair de poule en Lady Macbeth, mais sait aussi transmettre son angoisse; Patrice Dubois nous déchire de la tristesse infinie de Macduff. Christian Michaud, en Macbeth, impressionne par son énergie, son investissement dans le personnage et dans la folie meurtrière qui graduellement l’aspire, Macbeth cherchant à tuer sa terreur à coup d’horreur.

La langue de Michel Garneau, auteur de la traduction, donne une grande force à une pièce déjà immense. Fertile en images, le texte rejoint l’aspect brut de l’action et, par ses sonorités anciennes, le côté archaïque, mythique de cette soif de puissance de l’être humain; comme si, du fond des âges, les personnages venaient nous crier que l’homme ne change pas.

Frédéric Dubois réussit à convoquer les pulsions de l’humain, ses démons, à éclairer, par des images de cauchemar ou des images très belles, un texte dense. Impressionnant, saisissant, angoissant, ce Macbeth exhale le souffle d’un grand auteur, bien sûr, mais aussi la vision puissante d’un metteur en scène à la sensibilité vibrante et profonde, à la compréhension pénétrante, qu’appuient un décor, des éclairages, des costumes (Yasmina Giguère), un musicien et des comédiens (Antoine Bertrand, Éric Leblanc) tous à la fois créateurs de cette beauté, et portés par elle.