Claudine Mercier : L’art d’épater
Plus que jamais, il y a deux Claudine Mercier: la gentille humoriste ricaneuse et la personnificatrice qui tire vers la chanteuse.
Plus que jamais, il y a deux Claudine Mercier: la gentille humoriste ricaneuse et la personnificatrice qui tire vers la chanteuse. Même si l’aspect stand-up est plus développé dans ce troisième one woman show, sa voix au registre étendu et son talent de caricaturiste demeurent les principaux atouts de Mercier. L’imitatrice se taille toujours la part du lion dans ce spectacle inégal, où l’énergique quadragénaire tient malgré tout bellement la forme.
Et le show habilement mis en scène par Daniel Thibault a trouvé de bonnes formules pour encadrer les imitations. Ainsi, c’est une désopilante jeune vendeuse au ton blasé qui présente, à coups de bitcheries, les reines interchangeables du palmarès. De Britney Spears à la drama queen Lara Fabian, un tour d’horizon qui accuse l’insignifiance de la planète pop commerciale…
Claudine Mercier s’offre ensuite un voyage dans le temps. D’abord en empruntant le français cassé d’une hallucinante Nanette Workman pour présenter les vedettes de Génération 70. Puis, dans un numéro techniquement très au point et aux effets amusants, trois Claudine Mercier se lancent dans un pot-pourri rétro: la chanteuse en chair et en os, et, sur écran, deux choristes, dont une très débridée…
Si la personnificatrice se contente souvent de reproduire la voix des chanteuses – les anglophones, surtout – sans même détourner comiquement les paroles, elle se rattrape généralement par la justesse caricaturale de sa gestuelle.
Malgré la sympathie qu’elle suscite, le stand-up lui convient moins. D’autant que les textes ne sont pas toujours à la hauteur… Quand elle parle des maux intimes associés à sa quarantaine toute neuve (varices, mammographie), c’est assez bien observé. Mais son consternant numéro sur les différences entre hommes et femmes surfe sur les clichés et banalités d’un thème déjà archi-usé.
Claudine Mercier est d’abord une compositrice de personnages. Comme celui de Lise Watier, qui lui colle à la peau tel un parfum entêtant. Elle dévergonde ici la distinguée dame: le champagne aidant, son discours de remerciement débouche sur des confidences de plus en plus intimes…
En finale, la presque chanteuse se paie la traite avec un numéro de pur mimétisme, mais spectaculaire, grâce à la personnalité des divas qu’elle personnifie à tour de rôle, en enfilant rapidement les costumes flamboyants de Daniel Fortin. Si tout n’est pas confondant (une Marilyn plutôt terne, une Shania Twain indiscernable), elle déploie tout son coffre dans des interprétations étonnantes de Liza Minnelli (gestes très réussis) et de la grandiose Dufresne.
À ce stade, l’humoriste/imitatrice a abandonné toute intention de faire rire un public qu’elle se contente d’épater. C’est déjà pas mal…
Jusqu’au 12 octobre
Supplémentaires du 27 au 30 novembre
Au Théâtre St-Denis 1