Pour faire une histoire courte : Exercices de style

Dans une salle (très) intime juchée au troisième étage du Monument-National, six jeunes comédiens sont animés par le plaisir de jouer. Ils donnent un excellent exemple de ce que le théâtre peut faire sans autres moyens que la passion de cet art.

Cofondé en novembre 2000 par les comédiens Frédéric Blanchette, François Létourneau et Catherine-Anne Toupin, le Théâtre ni plus ni moins produit avec un réel bonheur des petits spectacles sans prétention. Après avoir présenté trois pièces du répertoire américain contemporain, la troupe crée cette fois, à la Balustrade du Monument-National, huit courtes pièces écrites et mises en scène par Frédéric Blanchette.

Si les textes de monsieur Blanchette ne sont pas d’intérêt égal (deux d’entre eux, Party costumé et Tête à tête, sont même assez faibles), ils sont souvent drôles. L’auteur verse dans la dérision des travers de ses contemporains, en démontrant un bon sens de l’observation, et de l’exagération.

Le registre comique et absurde est ici merveilleusement servi par des comédiens de talent: David Savard, Sébastien Rajotte, Guillaume Champoux, François Létourneau, Catherine-Anne Toupin et Rose-Maïté Erkoreka. Ces derniers incarnent plusieurs rôles chacun et soutiennent le rythme de ce spectacle qui s’étire en longueur (plus de deux heures trente).

La première pièce, Le Bulbe, nous montre un couple assez dépareillé. Un jeune homme apprend que la fille qu’il courtise a acheté un mystérieux bulbe en bois dans la quartier chinois (un morceau de gingembre!). Cela sème la suspicion puisque celle-ci l’a invité à souper le soir même. La soirée tournera au vinaigre alors que le jeune homme s’affichera comme un véritable réactionnaire chargeant sur l’écologiquement correct et les nouveaux branchés du Plateau.

Radio est une caricature du merveilleux monde de la radio commerciale. Mike Tétreault (un amalgame de Christian Tétreault et de Mike Gauthier?) est animateur-vedette à "la radio des hits". En ondes, il donne dans l’insignifiance habituelle de ce genre de communicateur; hors d’ondes, il palabre avec son technicien sur les mérites du fauvisme et de Matisse. Mais un incident viendra ébranler la suffisance de cet animateur trop cool.

Dans un stade démontre avec brio l’étrangeté de certains rituels sportifs. Comédie musicale ridiculise un auteur qui veut monter un musical sur Nelson Mandela. Tandis que Gilles (à mon avis, la meilleure pièce de la soirée) démontre qu’il faut souvent se méfier des gars trop parfaits.

En général, ces histoires courtes sont… beaucoup trop longues. L’auteur aurait intérêt à enlever quelques répliques répétitives qui désamorcent la mécanique comique. D’autant plus que le style de théâtre que privilégie Blanchette s’inscrit dans le genre cabaret. Ce qui demande une écriture plus serrée. Pour éviter que le spectateur se demande… "À quelle heure le punch?"

Jusqu’au 26 octobre
À la Balustrade du
Monument-National